[Récit] L' Ascension d'un Voleur

La Sentinelle

Astranaar, Orneval

"Maudites créatures..." pensait Aënendhil à propos des hommes-loups du Val Hurlant. A force de décimer leurs rangs, ils avaient fini par abîmer considérablement son équipement: ses gants, ses lames, ses spalières... Tout était dans un piteux état.
Sur la route qui le ramenait à Astranaar, la sentinelle faisait le compte des adversaires tués, de l' argent que cela coûterait pour réparer son armure de cuir & maudissait sa situation.
L' elfe franchit les portes modestes d' Astranaar, salua les sentinelles en poste & alla de suite sous la hall ou trônait debout Raene Mène-Loup, la stoïque responsable de la petite possession Kal' Doreï d' Orneval.
"Alors?" demanda Raene voyant Aënendhil franchir le porche.
"Alors quoi?" répondit-il séchement
Korra, l'énorme félin de Raene leva la tête comme pour voir qui répondait d'un ton aussi sec à sa maîtresse. Aënendhil fit mine de ne pas le voir.
"Tu es revenu, c'est déjà ça, mais les hommes-loups...
-J'en ai supprimé plus que ce qui devrait habiter là-bas. Ils sont si nombreux que c'est à peine concevable qu'ils y nichent tous.
-Leur chef? Tu as sa tête?"
Sans sourciller, Aënendhil sortit une tête ensanglantée de son sac & la lacha aux pieds de son supérieur. Korra renifla le tête de l'homme-loup & Raene fit son possible pour cacher l' agacement qui montait face au comportement du jeune elfe.
"Bien" finit-elle par dire. "Tu as gagné ta journée, va te reposer"
Aënendhil salua Raene & se dirigea vers la maison où siègeait Tandaan Clairecrin, le spécialiste des pièces de cuir.
"Ishnu' alah, Tandaan"
Tandaan se retourna & eut un mouvement de recul devant Aënendhil, puis sourit.
"Salutation Sentinelle. Tu es... dans un état pitoyable. Tu viens me demander d'y remédier?" dit-il avec un sourire.
"Oui, s'il te plaît. La nuit devient vieille & j'aimerai dormir avant que le jour se lève.
-Laisse-moi tes affaires. Tu les retrouveras demain; en attendant va dormir.
-Elune bénisse tes mains & ton travail, Tandaan"

Dans son lit, Aënendhil ne dormait pas. Il fixait le plafond & pensait à sa nuit passée à taillader des êtres qui n'ont pas leur place en Kalimdor. Il pensait à toutes ses nuits passées à harceler les bûcherons Chanteguerre aux côtés des Ailes-Argent, à réduire les rangs des Satyres, à sécuriser les plages maudites de Zoram envahies de Nagas... Comment peut-on rendre tant de service à Darnassus & se voir refuser le droit de porter le glaive lunaire? Il pensa à toutes ses nuits passées à s'entraîner avec son frère, Mydian, à Dolanaar, pour manier ce glaive, symbole suprême de la Sentinelle Kal'Doreï. Il pensa à ce qui les avait amené là: le refus de Mathrengyl Pasdelours de les initier aux secrets du druidisme.
"Aucun talent dans cet art multi-millénaire, ni l'un, ni l'autre" avait-il dit abruptement.

Aucun talent...

Après une nuit de tristesse & de frustration, le réveil était rien moins que difficile. Aënendhil descendit les marches de l' établissement de tenu par Kimlya pour partager un repas avec son hôte.
L'aubergiste accueillit l' apprenti Sentinelle avec un sourire.
"La Lune monte & Aënendhil descend" dit-elle sur le ton de la farce.
-"il fait nuit depuis longtemps?
-Deux heures déjà..."
Aënendhil avala son repas sans en apprécier la saveur. Il s'en voulait presque de ne pas tenir compte des attentions de Kimlya.
"C'est excellent" se risqua-t-il enfin.
"-Tu mens mal, mais merci" fit-elle en caressant sa chevelure verte.
Son repas avalé, il remercia Kimlya & se dirigea vers l' atelier de Tadaan.
En passant devant Raene, il la salua aussi protocolairement qu'il le pouvait. Elle lisait un document & elle ne releva pas le salut.
"Encore une nuit qui commence sous les meilleurs auspices" se dit-il.
Devant Tadaan, Aënendhil reclama son matériel & demanda ce que lui coûterait les réparations.
"Tout est réparé, mais les réparations ne te coûteront rien.
-Ha? Aurais-je oublié une dette que tu rembourses aujourd'hui?
-Nullement. Les réparations sont déjà payées... Je ne suis pas non plus sensé te rendre ce que tu m'as laissé. Raene ne t'as rien dit?"
Aënendhil était abasourdi. Son armure réparée mais confisquée... Pourquoi?
"Qui a payé ton travail?
-Un courrier de Darnassus. D'après ce que j'ai compris, tu n'es plus des nôtres. Tu es démobilisé."

Démobilisé... Aucun talent...

"Va voir Raene. Elle a des nouvelles pour toi." Tadaan semblait reclamer du regard qu' Aënendhil sorte pour aller chercher ses réponses ailleurs.

Sous le choc de la nouvelle, Aënendhil alla d'abord au bord du lac qui baignait Astranaar. Il se mit nu, y plongea pour se rafraîchir. Il n'osait pas se l'avouer, mais Aënendhil avait peur; peu d'aller voir Raene, peur d'entendre la nouvelle de sa démobilisation, peur d'affronter le regard des autres Sentinelles qui arboraient le glaive lunaire.
Là, sous l'eau, l' elfe se sentit mieux. Loin, invisible, imperméable à tout jugement. En sécurité. En remontant à la suface, il apercevait le Maître de vol qui nourrissait ses griffons. Celui-ci le vit & le salua. Aënendhil eut presque honte & esquissa un geste pour lui rendre son salut.
Il ferma les yeux, plongea de nouveau. Ici, il était bien, personne ne le voyait. La nouvelle devait être connu de tous à présent.

Démobilisé... Aucun Talent...

Là, sous l'eau du lac, Aënendhil pria Elune de ne pas lui faire l'affront de le renvoyer à Dolanaar, sans rien, sans dignité, pour aller entretenir les ramures d' Aldrassil ou les jardins de Sombrevallon.

Au bout de quelques minutes, il sortit, s' habilla & finit par aller affronter le sourire narquois de Raene.
Korra accueillit Aënendhil avec un feulement indolent, les yeux mis clos. Un geste qu' Aënendhil prit pour du mépris.
"Ishnu' Alah, Raene."
Raene se retourna & vit la Sentinelle ratée, le démobilisé.
La main peu assurée, elle tendit un courrier à Aënendhil.
"Tu es rappelé à Darnassus. Tu ne sers plus Astranaar" dit-elle d'une voix tremblante.
Aënendhil se trouva surpris d'un telle manque d'assurance. Il prit le courrier & ne vit que la signature:

ERION MURMOMBRE

"Tu peux prendre tes affaires & aller à ton destin, Aënendhil. Tu nous a bien servi. Je... suis désolée.
-Qu' est-ce que cela veut dire Raene? Je ne porterai jamais le glaive lunaire? C'est ça?
-Ce que tu feras dorénavant n'est plus de mon ressort. Tu sais qui est Erion Murmombre?"

Qui ne connait pas Erion Murmombre? Son nom est connu, son visage l'est à peine. Depuis les souterrains de l'enclave cénarienne, assisté de Syurna & Anishar, Erion Murmombre dresse une légion d' elfes qui ne sont ni druides, ni sentinelles, ni prêtres d' Elune. Une légion invisible, discrète, muette.
Une armée de gens réputés ne pas combattre les uns avec les autres, mais séparément, en solitaire.
Une armée de gens connus pour les poisons méthodiquement appliqués sur leur lames.
Une armée de gens qui ne savent rien faire d'autre que tuer, fait de sentinelles démobilisées, d' apprentis druides sans talents...
Les Voleurs.

"Adieu Aënendhil. Je ne sais pas de quoi sera fait ton avenir aux ordres d' Erion, mais mes voeux t'accompagnent."
Le voleur pris congé.
"Ca s'est pas si mal passé" pensa-t-il.

"Fantôme, mon frère! En avant, on a de la route!"
Le sabre de givre reconnu son nom & gloussa quand Aënendhil lui harnacha sa selle.

Après avoir fait le tour des adieux de rigueur à Kimlya, Tadaan, Palanaar... Aënendhil enfourcha Fantôme & parti. Passant devant les sentinelles en poste, il ne les salua pas.
L'une d'elle leva la main en signe d'adieu.
"Elune Adoré, Voleur"

"Enfin un signe..." Aënendhil regarda La Lune & remercia sa lumière.[left]

L' Espion

Darnassus, Teldrassil

"Qu 'est-ce que tu attends pour y aller?"
Jartsam dévisageait Aënendhil, cherchant sur son visage les raisons qui le poussaient à rester là.
Aënendhil chuchotait quelques mots de réconfort & d' au revoir à Fantôme, laissé en pension à Lelanai, sa dresseuse originelle.
"Je vais y aller, ne t'inquiète pas. Je dis juste à Fantôme de bien se reposer tant qu'il est ici.
-Il est entre de bonnes mains & tu le sais."
Aënendhil acquiesca. Regardant du côté de l' enclave cénarienne qui l'avait un jour refusé, il voyait les druides, l' élite de la société Kal' Doreï, les gardiens d'une civilisation multi-millénaire.
Non loin de là, une annexe laissait entrevoir une entrée sombre qui laissait deviner un escalier en pente raide, qui descendait sous l'enclave. A côté de cette entrée lugubre, un colimaçon extérieur montait vers une mezzanine sur laquelle deux elfes travaillaient autours d'une collection de récipients, de bouillons de culture qui laissaient échapper une fumée verdoyante. Kyrai & Faelyssa s' occupaient à composer les armes les plus vicieuses mises à disposition des Voleurs: les poisons.
"Toi qui travaille non loin d'elles, comment sont-elles?" demanda Aënendhil à Jartsam.
"Discrêtes, polies, erudites... De vraies Kal' Doreï en somme..."
Jartsam semblait satisfait de sa remarque & affichait son plus beau sourrire.
"Elles ont été élèves de Firodren Mandelune & d' Ainethil si tu veux tout savoir.
-Par où dois-je commencer d'après toi? Aller voir Erion où quelqu'un d'autre d'abord?
-Je pense que tes Maîtres t'attendent & qu'il ne faut pas les faire patienter trop longtemps."
Aënendhil prit congé de Jartsam & Lelanai, adressa un signe à Fantôme qui s' était allongé de toute sa masse dans l' herbe pour y dormir.
L 'elfe approcha de l'entrée de la caverne souterraine d' où émanait une forte odeur d' épices. En surplomb, Faelyssa & Kyrai, accoudées à la balustrade de leur mezzanine, adressèrent un sourire figé à Aënendhil & un regard fixe comme celui-ci semblait hésiter. Aënendhil détourna le regard & plongea dans le sanctuaire comme on saute dans un trou sans en voir le fond.

Une lueur dispensée par les généreux feux follets éclairaient sa descente via une pente raide en colimaçon, étayée par les racines même de Teldrassil.
Il arriva dans une grotte sombre quoique grande, baignée d'une lueur douce. Devant lui, une elfe souriante aux cheveux argentés comme lui, attachés en deux tresses épaisses.
"Ishnu' Alah Aënendhil Blanchelame. Je suis Syurna. Nous t'attendions; viens."
La grotte descendait encore & ils croisèrent un autre elfe, au visage sévère, les cheveux cobalt, coiffés en demi-queue de cheval & arborant un bouc long. Engoncé dans une armature de cuir sombre, portant une courte épée luisante & suintante.
Syurna désigna l' elfe.
"Voici Anishar. Il sera aussi ton mentor parmis nous"
Aënendhil salua le Voleur qui lui rendit silencieusement son salut.
Plus loin devant eux, dans une petite enfractuosité taillée à même la racine de l' arbre-monde, se tenait Erion Murmombre. Faiblement éclairé par une lampe dans laquelle s' agitaient des feux follets, le Maître des Voleurs de Darnassus était un elfe longiligne, arborant lui aussi une cheveulure d'argent en chignon qui surmontait un visage impassible. Des bacchantes fournies & une moustache longue donnaient à son visage toute l'autorité qu' imposait sa fonction. Une armure mate, une fine lame courbe à la main, il attendait froidement Syurna & Aënendhil.
Syurna salua le vieil elfe & disposa sans un mot.
Aënendhil regarda Syurna partir puis fit face à Erion.
"Vous m'avez fait demander, me voilà.
-Je n'ai rien eu à demander. Les Voleurs ne demandent rien. Ils récupèrent."
Aënendhil se dit en lui-même que tout ceci commencait bien mal.
"Les druides n'ont pas voulu de toi, pas plus que les sentinelles; la prêtrise ne t'attire pas non plus.
De fait, nous te récupérons..."
"Ne le prend pas mal" continua Erion de sa voix chuintante.
"Les Voleurs sont loin d' être la fonction qu' occupent ceux qui ne savent rien faire d'autre.
Si tu es là, c'est parce que tu as un talent, un talent précieux, rare, mais inutile à d'autres fonctions."

Aënendhil se demanda en quart de seconde quel pouvait être ce talent si cher aux Voleurs. La capacité de tuer? Non, dans un monde en guerre, tout le monde peut y être ammener. La furtivité qui lui avait si souvent sauvé la vie? Tous les Kal' Doreï en sont capables, c'est même ce qui distingue les elfes de la nuit des autres races d' Azeroth... Erion, par Elune, explique-toi!

"Tu es là parce tu as BESOIN d' effectuer certaines tâches que d'autres font par devoir; tu es là parce que c'est ta nature qui t'y a conduit.
-Quoi?
-Comment fonctionne cette guerre à laquelle le monde est confronté? Des armées s'affrontent pour défendre leurs intérêts, leurs ambitions. C'est tout. Oui, il y a des causes cachées, mais globalement, une guerre est lutte d'intérêt.
-Continue je te pris. En quoi ma "nature" est-elle liée à cela?
-Cite-moi une SEULE fois où tu as suivi les ordres..."

Aënendhil allait répondre presque instantanément: toujours! Il ne le fit pas. Il se souvenait...

Depuis 332 ans, Aënendhil ne fait rien de ce qu'on lui dit.
Ne touche pas c'est chaud, & Aënendhil se brûle.
Ne discute pas les enseignements de Fandral, & Aënendhil se demande ce qu' aurait dit Malfurion.
Va nettoyer Zoram, & Aënendhil pousse jusqu' à Brassenoire pour aider ces "paladins" de l' Aube d' Argent...
332 ans passés à aller trop loin, à se demander pourquoi & n'attendre aucune réponse, mais au contraire à aller les chercher.

"Oui Aënendhil, tu es là parce que tu es un fouineur, un curieux, un véritable espion. C'est ce talent que nous allons, ensemble, pour ton bien & le nôtre, mettre à profit, faire grandir & canaliser."

En près de trois heures de discutions, Aënendhil se vit donner une mission: pousser jusqu' à Hurlevent, la lointaine capitale humaine des Royaumes de l' Est. Se mettre au service d'un certain Matthias Shaw qui dirige le fameux SI:7, la branche "renseignement" de l' armée de l' Alliance.
Là, Aënendhil se verrait donner de nouveaux ordres de missions qui exploiteraient à merveille cette volonté de toujours savoir & voir par soi-même. Là, il y recevrait un enseignement complémentaire sur le maniement des armes, un équipement nouveau, il nouerait des contacts dont les Kal' Doreï ont besoin pour voir plus loin que les rassurantes plages de Kalimdor.
Aënendhil reçut une lettre adressée à un certain Renzik "Le Kriss"; une lettre de recommandation.



Auberdine, Sombrerivage

Sur le ponton d' où il attendait son bâteau, Aënendhil se souvenait des dernières recommandations d' Erion: ne te fit à rien d'autre qu' à toi-même, fait toujours ce tu jugeras bon de faire...

En fait, deviens ce tu es déjà. [left]

Le Fonctionnaire

Hurlevent, Forêt d' Elwynn

En franchissant les portes de Hurlevent, Aënendhil avait eu un choc. Une cité de pierre, aux remparts si épais & si impressionnants que l' elfe se demandait quelle armée aurait eu le courage d'en tenir le siège.
Là, sur la place de Hurlevent, une activité frénétique de marchands, de gardes, d' aventuriers & de crieurs public rompait avec la quiétude dont l' elfe avait l' habitude à Darnassus. Du bruit, de la vie partout, confuse & même gênante pour quelqu' un ayant passé plus de trois siècles bercé par le bruissement des feuilles & des arbres du nord-Kalimdor.
Avec son accent Darnassien prononcé, Aënendhil avait demandé à un garde le chemin du siège du SI:7.
Le garde lui avait désigné une direction que l' elfe s' efforçait de suivre. "La vieille ville" lui avait-il dit.
Après avoir tourné en rond un moment, l' elfe arrivait devant un bâtiment qui ressemblait à une petite forteresse dans cette ville qui en était déjà une. Une modeste porte qui ouvrait vers une cour intérieur où campaient des mannequins d'entraînement malmenés par de puissants mages, guerriers & même, quelle horreur, un demoniste assisté de son serviteur!

Ignorant ces effusions de violence dirigée contre les mannequins, Aënendhil entra par la porte située à l'autre bout de la cour d'entraînement. Une immense pièce aux murs lambrissés, jonchée de tables solides & aux chaises massives accueillait les visiteurs. Des décorations sobres accrochées aux murs agrémentaient la pièce qui lui faisaient ressembler davantage à une auberge qu' au centre administratif & décisionnel de l' espionnage que cet endroit était.
Devant l' elfe, quelques humains vaquaient à leurs occupations.
Aënendhil passa le seuil & alla au devant du premier qu' il voyait.
"Heu... Bonjour, je viens voir Renzik. J'ai une lettre de recommandation. Je pense que je suis attendu.
-Je suis Jasper, ton fourgue exclusif pendant ton séjour chez nous. J'ai les meilleurs décoctions du pays, pas la peine d'aller voir ailleurs; mes tarifs pour les membres sont imbattables! répondit l'humain avec un clin d'oeil.
-N' écoute pas ce farceur" dit une voix féminine de derrière l' elfe.
Se retournant, Aënendhil vit une femme rousse au sourire moqueur, visiblement habituée aux plaisanteries de son comparse.
"Nous sommes deux à fournir en poisons les agents. Je suis Sloan, ton deuxième fourgue. Une légère participation est demandée aux agents pour l'obtention de nos produits, mais rien de prohibitif."
Agacé par autant de familiarités, Aënendhil regarda ses deux hôtes froidement.
"Renzik" dit-il impassiblement.
Le sourire avenant de Sloan & Jasper disparu & l'humaine finit par désigner l' escalier derrière Jasper.
Sans un mot ni un geste, Aënendhil prit son sac & se dirigea vers la volée de marche.

Arrivé en haut des marches, l' elfe était sur une mezzanine qui abritait une tablée & des chaises. Plus loin, un humain, ténébreux, aux cheveux de jais se tenait debout aux côtés d'un gobelin, tous deux vêtus de cuir noir.
"La mode est au cuir sombre cette année, on dirait" se dit Aënendhil en lui-même.
Voyant l' elfe arriver, le gobelin, l'interpella:
"Qui êtes-vous?
-Aënendhil Blanchelame, élève d' Erion Murmombre. Je suis ici sur ses recommandations.
-Ha très bien, un élève de Murmombre, c'est toujours bon à prendre!"
Le gobelin designa l' homme à ses côtés:" Voici Maître Matthias Shaw, Chef du SI:7, les yeux & les oreilles du Roi Variann Wrynn. Je suis Renzik dit le Kriss. C'est nous qui allons te donner tes missions.
Tu as la lettre?"
Aënendhil tendit le courrier confié par Erion au gobelin, qui en fit une lecture diagonale.
"Hmm, peu d' expérience dans le renseignement mais des aptitudes... Sait manier une dague, une épée... Pas d'équipement personnel... Erion nous a habitué à mieux!
-Mouis, on ne pas envoyer les nouveaux au casse-pipe comme ça..." renchérit Shaw.
"On va d'abord t'envoyer...
-Ca fait quand même trois siècles que je lutte contre des orcs, des nagas, des satyres, des troupes de Réprouvés ou des agents du Maître du Glaive!" coupa l' elfe.
Un silence se fit dans la salle. Les deux agents se regardèrent.
"Combien de vos hommes peuvent prétendre avoir trois siècles d' expérience dans la guerre d' usure & d' embuscade? Je vous serai gré de ne pas me considérer comme un nouveau ou un débutant.
J' admets volontiers que ceux de mon peuple ne soient pas considérés comme des guerriers héroïques par les humains, mais n' allez pas croire qu'en Kalimdor, la guerre est absente & que ceux qui y sont nés sont des incapables."
Aënendhil se demanda si sa bravade ne serait pas mal interprétée.
Shaw dévisagea l' elfe puis répondit: "Ecoutez attentivement. Je sais parfaitement ce dont sont capables vos semblables. Je sais aussi que c'est la première fois que vous mettez les pieds sur ce continent & qui vous n'y avez jamais fait vos preuves. Je n'ai nul besoin de gens d' expérience dans la guérilla, mais d' espions, d' agents sachant s' infiltrer, écouter & comprendre. J'ai besoin d' agents pouvant vivre seuls, autonomes, dans une autarcie telle qu'ils savent se donner eux-mêmes leurs ordres de missions & leurs priorités. Vous ne savez rien de ce continent, aussi êtes-vous POUR LE MOMENT inapte aux missions pour lesquelles vous croyez être ici.
-Testez-moi!
-Quoi?" Shaw n'en croyait pas ses oreilles!
"Donnez-moi une mission pour laquelle vous pensez que je suis inapte, & je vous prouverai le contraire. Au pire, je meurs, au mieux, je réussis. Vous ne perdez rien à essayer."
Shaw & Renzik regardaient cet elfe insolent & idiot implorant d'aller à une mort certaine.
Les deux agents devisèrent pour savoir quoi faire. Après une minute, Renzik se tourna vers l' elfe:
"D'accord l' as des as! Tu as ta chance. La tour Klaven, ça te dit quelque chose? Les Defias?
Un de nos agent est là-bas. Ta mission: assurer une relève. Tu veux qu'on te montre le chemin?"
Renzik souriait narquoisement.
"je trouverai tout seul" répondit l' elfe.


Après le départ d' Aënendhil, Shaw & Renzik discutait de cette scène d'embauche.
"Combien on en a vu, des comme lui? Des centaines? Des milliers?
-J'ai arrêté de compter. Trouve-moi plutôt quel message à envoyer à Erion pour lui signifier que son élève est mort, qu'il faut arrêter de nous envoyer des incapables & que le SI:7 n'est pas une garderie pour des elfes en mal d' action.
-Et s'il réussit?
-S'il réussit, on l'envoie à Lucius." [left]

Le Fonctionnaire 2e partie

Tour Klaven, Marches de l'Ouest

Après avoir laissé Shaw & Renzik, Aënendhil était allé à l' auberge prendre ses quartiers. En l' absence d' autres instructions, il avait aussi acheté le matériel qui lui faisait défaut. Il s' était ensuite rendu au donjon de Hurlevent. Il avait pensé passer saluer le Roi, puis s' était ravisé. Après tout, Aënendhil ne savait presque rien du protocole de la cour de Hurlevent. Il s' était alors dirigé vers la bibliothèque du donjon & demandé à consulter un atlas & quelques ouvrages de vulgarisation historique. Un bibliothécaire, visiblement ravi qu'un elfe demande à s'instruire auprès des humains, l' assista dans ses recherches. Aënendhil cherchait tout ce qui pourrait lui éviter les surprises: la géographie, la faune, la flore & la population des Marches de l' Ouest. Son histoire, ainsi que des renseignements concernant les Defias, ses nouveaux ennemis désignés par Renzik.
L' étude approfondie lui prie le reste de sa journée, ainsi qu'une bonne partie de la nuit. Après une fin de nuit & une matinée passée à dormir Aënendhil s' était levé de bonne humeur & avec l'envie d'en découdre pour faire ses preuves. A titre d' échauffement, il s' était rendu auprès du Maître d' Armes de la ville pour y prendre un cours. Les bases du maniement de la hache, arme à laquelle il était fort peu habitué, lui avait pris l' après-midi.
Aux premiers signes du crépuscule, il s' était mis en route.

Là, sur cette terre aride, battue par les vents du large, il avait pris soin d'aider une population visiblement habitée du sentiment d' abandon par l' autorité de Hurlevent. Il s' était présenté à la Milice locale pour demander son chemin & promit de revenir les aider contre les Defias une fois sa mission menée à bien.

"Nous y voilà."
Camouflé dans les ombres des rares arbres, Aënendhil apercevait la tour Klaven, autour de laquelle grouillaient de sombres silhouettes mouvantes. A quelques mètres de lui, une humaine gainée de cuir noir était tapie dans les ténèbres crépusculaires.
"Visible & reconnaissable comme un Orc dans Chantenuit" se dit-il.
Il approcha & sortit de son camouflage pour se présenter.
"La relève est là, collègue. Je prends la suite."
L' humaine sursauta & poussa un soupir de soulagement quand elle vit l' elfe.
"Ne refais jamais ça!
-Navré... Je suis Aënen...
-J' m' en fous pas mal. Voilà mes notes, tout y est consigné. Je tiens le poste depuis une semaine, c'est pas dommage que tu viennes me relever!"
L' agent tendit un petit livret à Aënendhil.
"Sa lecture sera instructive. N' oublie pas de l' annoter toi-même."
Comme elle était sur le point de partir, elle se retourna: "Tu connais le truc: si jamais tu étais pris ou tué, le SI:7 niera avoir avoir eu connaissance etc, etc... Bonne chance & bonne chasse..."
L' humaine disparue, Aënendhil se plongea dans les notes de l' agent Kearnen.
Une prose insipide & administrative à propos des "monstres" qui grouillaient ici, de leurs allées & venues vers le débarcadère de Jerod, de caisses chargées & déchargées.
Elle y décrivait aussi ses tentatives pour éclaircir leurs rangs & les coups auxquels ils étaient sensibles.
Manifestement, le but était s' emparer d' une clé pour ouvrir un coffre contenant très probablement les documents accusant ces monstres de pactiser avec les Defias.
"Pitoyable."
Aënendhil laissa là son sac, le livret & tout ce qui aurait pu l'encombrer. Il appliqua une dose de poison sur sa dague & une autre sur son épée courbe.
"Dans quelques minutes, tout sera réglé."
Aidé par les ombres nocturnes, l' elfes s' approcha de la tour;un groupe de trois "monstres" remontait du débarcadère pour aller vers l' entrée de la tour.
Aënendhil regarda la lune, ferma les yeux adressa une courte prière à Elune pour le pardonner d' ôter ainsi des vies.
Il se dirigea vers celui qui lui semblait le plus massif & depuis les ombres, lui assena un coup avec le manche de sa dague pour l' assommer. Les deux autres se retournèrent & ne virent rien, jusqu' à ce que l' elfe surine violemment un des deux & sorte de son camouflage nocturne. Aënendhil lança un déluge de lames sur ces deux victimes, tailladant tous les points vitaux qu'il connaissait & esquivant la plupart des coups qu' ils portaient, hébétés de surprise. En cinq secondes tout était fini, ses victimes agonisantes dans une mare de sang, coulée noirâtre qui alla réveiller le premier, encore groggy du coup de manche.
Placé derrière lui, Aënendhil lui planta son épée dans la colonne vertébrale d'un mouvement remontant, ce qui fit craquer les os & perça de par-en-par le bougre pour l' imobiliser &, dans le même temps, Aënendhil fit taire son cri naissant en lui tranchant la gorge au niveau des cordes vocales...
Il s' écroula dans un tremblement frénétique alors que le poison achevait de le tuer, silencieusement.
Un gargouillement infecte accompagna sa mort alors que l' elfe se dirigeait déjà vers l'entrée de la tour, près de laquelle se tenait un monstre, bien plus gros & bien mieux armé que les trois pantins qu'il venait de supprimer.
Plutôt que d'attaquer le monstre, Aënendhil s' approcha & lui fouilla les poches. Calmement, depuis les ombres, l' elfe retira quelques pièces & une clé.
"Ben voilà, c'est gagné" se dit-il.
Il entra dans la tour où des sentinelles à moitié endormies & oublieuses ne se doutaient pas que, pendant qu ' elles discutaient vulgairement de la poitrine d'une de leur connaissance, un Kal' Doreï passait devant eux, à la faveur des ombres.
Aënendhil se demanda ce qu'il convenait de faire: finir sa mission ou fignoler sa ballade camouflée en supprimant ces potentiels adversaires.
Il se souvint des conseils d' Erion: "Fais ce que tu jugeras bon."
Il assomma l'une des sentinelles & alla vers l'autre qu' il garrota soigneusement pour le faire taire.
Il l' acheva de plusieurs coups d' épée, au coeur, à la tête & aux jambes. Il alla vite vers sa première cible pour le saigner & lui appliquer ses poisons avant qu' elle ne se réveille.
En entendant d' autres voix qui venaient d' en haut, dans la tour, Aënendhil se camoufla de nouveau & entreprit la montée des marches.
Au dernier étage, trois sentinelles montaient la garde devant un coffre que l' elfe devina être sa cible.
L ' elfe entreprit une nouvelle tactique: depuis les ombres, il lança un pétard dans les escaliers, bruit qui alerta les trois gardes qui se précipitèrent pour aller voir, appelant leurs acolytes déjà morts.
Aënendhil n' eut que quelques secondes pour ouvrir le coffre, y prendre le contenu, le refermer & disparaître.
Devant les cadavres de leurs séides, les gardes se précipitèrent au bas de la tour, puis dans l' entrée.
Le molosse devant l'entrée hurla dans une langue inconnue sur ses collègues tandis le Voleur passait devant eux. Comprenant qu'ils venaient de se faire rouler, ils remontèrent les marches de la tour quatre-à-quatre pour s 'enquérir du contenu du coffre. Quand les monstres s 'aperçurent que le contenu s' était envolé, Aënendhil était déjà loin. Il avait récupéré ses affaires & était déjà en route vers le griffon de la colline des miliciens des Marches de l' Ouest.
"Trop facile" se dit le Voleur. "Ca cache quelque chose."


Sur le griffon qui le ramenait à Hurlevent, l' elfe réfléchissait. Etait-ce là une mission réputée difficile par Shaw & Renzik?[left]

Le Fonctionnaire 3e Partie

Comté-du-Lac, Les Carmines

Après sa mission à la tour Klaven, Aënendhil était rentré se coucher, satisfait & impatient de voir la réaction de Shaw & Renzik quant à sa mission si promptement menée.
L ' après-midi était bien avancée quand il s 'était levé pour aller au siège du SI:7.
En donnant les documents du coffres ainsi que le livret de Kearnen à Shaw & Renzik, ils eurent l'air réellement impressionnés.
Manifestement, ils n' étaient pas non plus satisfaits que l' elfe ai eu recours à la violence par cinq fois.
L' idée qu'ils se faisaient d' une mission menée à bien était plus subtile que le simple fait de ramener des documents. Dorénavant, les Defias sauraient que les autorités de Hurlevent les auraient à l' oeil.
Néanmoins, ils reconnurent volontiers que d' autres agents y avaient laissé leur peau & les talents de l' elfe dans le combat étaient visiblement supérieurs à ce qu'ils avaient jugé de prime abord.
Shaw & Renzik donnèrent donc à Aënendhil sa mission suivante: les Carmines.
Ils avaient prévenu le Voleur qu' elle serait aussi un autre test qu'il ne faudrait pas rater, un test pour se faire une idée de la finesse de l 'elfe.
Sa mission était des plus simples: rencontrer Lucius, un nain réputé vicieux & roublard, associé du SI:7 & qui concourt à entraîner les agents depuis des années.
L 'elfe avait donc récupéré ses affaires, délogé Fantôme des écuries où il dormait & prit la route de Comté-du-Lac.

Arrivé aux portes de la bourgade, Aënendhil eut la surprise de voir tant de gardes pour une si petite implantation. Il demanda l' auberge, y posa ses possessions ainsi que son Sabre-de-givre.
Ainsi installé, Aënendhil entreprit d' aller sur les quais bordant le lac qui donnait son nom au pays.
"D'ordinaire, cette crapule de Lucius traîne sur les docks avec d' autres bons à rien" lui avait dit Renzik.
Effectivement, un nain grisonnant traînait là, devisant avec une silhouette trop grande & longiligne pour être celle d' un humain.
"Vous êtes Lucius? Je me nomme Aënendhil. Je travail pour Renzik. Il paraît que vous êtes celui que je dois rencontrer pour mes ordres de mission."
Le nain cessa sa discussion avec la silhouette sombre & toisa Aënendhil.
Souriant de ses dents gâtées, il répondit:"Ha? Un associé du Kriss? Y a pas mal de boulot par ici! Le patelin est harcelé par les Orcs Rochenoires, les gnolls & d'autres saloperies... Vous vous pensez de taille?
-D' autres avant vous ont déjà préjugé bien mal de mes aptitudes. Dites-moi seulement quoi faire & ce sera fait...
-Ha! Un héros! Par la barbe de Magni, c'est bien nôtre chance! Vous allez débarrasser la villes des Orcs, je me trompe?"
Lucius partit d'un rire franc & moqueur. Aënendhil guettait du coin de l' oeil cette silhouette à côté, qui ne cessait de lui tourner le dos, regardant l' eau, encapuchonnée & harnachée de cuir, des lames arrimées de tous les côtés.
"Avant toute chose" continua Lucius, "vous allez me montrer ce que vous savez faire. Au nord-ouest, au bout de la route, il y a une vieille scierie, la scierie d' Alther. Elle est envahie d' araignées & j' y ai un coffre. Récupérez son contenu & ramenez-le moi. Ce qu'il y a dedans est le gage de votre embauche définitive au SI:7.
-Comme vous voulez" répondit Aënendhil dans un soupir agacé.
Comme il allait partir, il eu une idée. Cette silhouette... Trop grande pour être celle d' un humain, cahant son visage & aussi, peut-être son regard car trop reconnaissable? Un autre elfe de la Nuit, c'est sûr...
Aënendhil se risqua à engager la conversation.
"Ishnu'Alah, Kal' Doreï."
La silhouette se retourna, montrant des yeux luisants comme ceux d' Aënendhil, comme ceux de tous les enfants d' Elune.
La silhouette répondit en Darnassien. Lucius, manifestement profane dans cette langue tentait de comprendre cette conversation, sans resultat.
"La grâce d' Elune s' attache à mes pas: je ne m' attendais pas à trouver un Kal' Doreï ici.
-Je viens pour y chercher quelque chose, quelque chose qui m' a échappé pendant des années.
-Si je puis être d'une aide quelconque, dites-le moi. Je me ferai un plaisir."
L' elfe sembla réfléchir.
"Très bien, après tout, vous avez peut-être l' étoffe... Je suis Arantir, la Main du Chaos. Je suis au service du Seigneur de Ravenholdt. Il y a des lustres, une babiole à laquelle les seigneur est très attachée a été volée au Manoir. Je l'ai cherché partout, dans tous les coins & recoins de ce monde;
Aujourd'hui, je la sais ici, aux mains des Rochenoires. J'ai été partout, alors qu' elle était là!
Trouvez-la pour moi & vôtre réputation sera faite au Manoir.
-Volontiers Arantir. Je vais vous aider. Que dois-je chercher?
-La corne de Nez'Ra, le prince des démons..."

Aënendhil se fit décrire l' objet, quitta Lucius & Arantir, puis alla se promener dans le village.
Il alla se faire connaître du capitaine de la garde, du maire & retourna chercher sa dague, cadeau de Shaw après la mission de la tour Klaven, & son épée. Il y appliqua scrupuleusement ses poisons puis se mit en route.

La route pour la scierie était en pente douce, bordée de pierres desquelles on avait un point de vue imprenable sur le lac. A sa gauche, des clairières montaient aussi en pente vers les montagnes, dans lesquelles on devinait des feux de camps, les camps des gnolls qui grouillaient par ici.

Au bout de quelques minutes, Aënendhil perçu le cliquetis d'un homme en armes. Il se camoufla aussitôt. Près d' un arbre, un orc en armes se tenait là, guettant la route.
"impossible qu'il soit seul."
Aënendhil regarda attentivement autours de lui. Derrière lui, en contrebas, vers de gros rochers bordant la falaise, trois autres orcs qui avaient quitté leur affût pour se jeter sur lui s' étaient arrêté net, leur proie ayant disparu. Le Voleur comprit qu'il venait de frôler la catastrophe. Ces quatre orcs étaient lourdement armés, avec des armures les protégeant de la plupart des coups que l' elfe avait l'habitude de porter: la gorge, le coeur, l'intérieur des cuisses, tous les points de saignement intense.
Le Voleur commençait à comprendre ce que Renzik avait appelé "envisager d' autres options" en cas de rencontre où le combat semblait compliqué.
"Tester ma finesse... Soit! On va faire autrement."
Aënendhil se dirigea vers l' orc près de son arbre, isolé des autres. Avec un peu de chance, sa mort serait suffisamment silencieuse pour ne pas alerter les autres.
Arrivé derrière lui, le Voleur le garrotta, le désarma & entreprit de passer sa dague sous la maille de l' orc pour aller l' éviscérer. L'orc lutta âprement, les tripes se vidant de sous sa maille, la gorge ouverte & la gueule écumant de sang qui étouffait ses cris. Ses mains puissantes cogèrent le visage de l' elfe, puis il tenta de l' étrangler. Aënendhil glissa prestement son épée dans le gousset d'aisance, un point faible bien connu de la maille, sous les aisselles & qui sert aux porteurs de cette armures à mieux se mouvoir & à alléger le poids considérable de cette protection. L' épée remonta des aisselles pour aller percer la jonction du bras, briser la clavicule & finalement, crever l' oeil de l' orc à l'agonie. Il voulu hurler, mais déjà, au sang abondant depuis sa gueule, la bave se surajouta sous l' effet du poison, obstruant sa bouche pour l' étouffer. Aënendhil acheva le Rochenoire d' un coup de dague dans les tempes, perçant le crâne dans un craquement qui mit fin au combat.
L ' elfe prit une seconde pour s'inspecter: pas de blessure grave, que des éraflures superficielles.
Il se dissimula de nouveau pour continuer sa route, en se jurant de ne plus se laisser surprendre ainsi.

Arrivé en haut de la route, il avait le choix entre continuer sur celle-ci ou descendre vers la scierie.
"On verra plus tard pour l ' exploration de la région."
L' elfe descendit vers la scierie, & vit que l'endroit était sinistre, envahi d'une cohorte d' araignées bien plus grosses que celles qu'il avait pu voir à Orneval. Sûrement plus nocives aussi. La scierie, comme en attestaient les toiles qui pendaient d'un peu partout, pouvait abriter une ou deux de ces créatures.
Aënendhil resta là, dissimulé, pour voir si une araignée pouvait surgir. Rien, terrain libre.
Il fit face aux coffres, une trentaine en tout, tous vérouillés.
"J' ai UN coffre là-bas... Maudit nain!"
Le Voleur entreprit d' ouvrir méthodiquement les coffres un par un.
Au bout d' une heure, après avoir forcé près d'une vingtaine de coffres & à chaque fois récupéré quelques petites pièces de cuivre, Aënendhil ouvrit un coffre contenant un document, signé de la main de Lucius. Il stipulait que Lucius considérerait le test comme réussi si le porteur ramenait ce document au nain.
"Quel humour..."
Aënendhil prit le document & retourna voir le nain.
Sur le chemin, l' elfe vérifia si les orcs se tenaient toujours en embuscade. Ils étaient toujours là, tapis à l'ombre de leur rocher, guettant le pélerin malheureux.
L 'elfe se promit de revenir s 'occuper de leur cas plus tard, & en profiter pour aider Arantir.

Devant le sourire de Lucius, Aënendhil devina que son embauche était "définitive" au sein du SI:7. Plus de test, d' allusions désobligeantes ou de missions de second ordre.
En échange du document, Lucius remit un autre papier à l'elfe, destiné à être rendu à Shaw.

"Cette paperasse commence sérieusement à m'inquiéter. J' espère que la moitié du travail ne consiste pas à remplir des parchemins & charrier des documents..."
Sur la route du retour à Hurlevent, l' elfe pensait à la frustration qu'il ressentait à "travailler" ainsi.

Un mot néanmoins lui revenait en tête. Un mot qui excitait ses espoirs. Un mot qu'il ne comprenait pas... Pas encore: Ravenholdt.
[left]

L'histoire ravit les yeux ! surtout quand on connait un peu les quêtes voleur ^^

Après y'a juste un ch'tit bemol que je comprends pas : Pourquoi Kel'doreï ? Les Kel'doreï sont la caste des Bien-Né et ont tous été exilé de Kalimdor lors de la guerre des Anciens. Les elfes de la nuit actuel sont des Kal'doreï.
C'est tout ce qui me titillait depuis 2-3jours où je te lis

PS: Les seuls Kel'doreï encore vivant sont les Shendr'alar d'Eldre'Thalas... Enfin ceux qui sont encore vivant et qui sont des immortels. Il y a des "évadés" mais il reste des mages (exemple l'elfe à Dalaran est un Kel'doreï, idem pour son comparse qui se fait rebuffé par la Sentinelle au Temple de la Lune)

Mea Magna Culipissima!

Je corrige cet affront au lore tout de suite!

L' Assassin 1e Partie

Austrivage, Contreforts de Hautebrande

Aënendhil, assis devant un feu, soupesa la lettre. Là, sur les quais d' Austrivage, il réfléchissait à sa situation. Rien dans cette lettre n' indiquait qu'il lui faille quitter le SI:7 & pourtant, cette "invitation" au Manoir de Ravenholdt ressemblait à s' y méprendre à un nouveau test. Dans l' esprit de l 'elfe, impossible de faire partie à la fois du SI:7 & de se mettre au service de Ravenholdt. Il ne cessait de peser le pour & le contre de ce changement d' allégeance. Il examinait son parcours depuis son arrivée dans les Royaumes de l' Est.

Après avoir décimé froidement les rangs des Rochenoires, des Gueules-de-Dragon & des gnolls dans les Carmines, il avait finalement mis la main sur l 'artefact que désirait tant Arantir. Les Orcs avaient dû s' habituer à sa présence: pas un jour sans qu'une dizaine ne trépasse sous ses coups silencieux, & ceux-ci en étaient venus à se raccrocher à ce qu'ils pensaient pouvoir les sauver. Le Démoniste à qui Aënendhil avait pris la Corne de Nez'ra avait peut-être pensé que l' objet, investi d'un quelconque pouvoir, allait lui sauver la vie... Ce ne fut pas le cas.
Pendant les semaines passées à supprimer les Orcs, l' elfe avait mis au point un petit rituel de combat dont il n' était pas peu fier: loin d'être le Voleur le plus silencieux ou le plus insaisissable, Aënendhil apparaissait parfois à ses potentielles victimes, laissant entrevoir sa silhouette fine, sa peau blanchâtre, sa cheveulure argentée & ses yeux luisants... Disparaissant comme il était apparu, ce petit jeu de cache-cache créait une tension insoutenable pour ses adversaires, qu'ils fussent guerriers ou mages. Sur leurs gardes en permanence, Aënendhil guettait ses cibles qui se savaient menacées... Pour finalement frapper au moindre signe de relachement. Des frappes rapides, précises & d'une rare violence, loin des canons esthétiques du SI:7. C' était ce qu' avait trouvé l' Elfe pour cacher son appartenance à la "famille": maquiller ses besognes en boucheries plutôt qu'en meurtres propres & soignés, signature trop évidente à son goût.
Après des semaines de ce traitement, l' Elfe avait été rappelé par Renzik. Le Gobelin avait besoin de l 'expérience de l' Elfe avec les hommes-loup pour l 'envoyer à Sombre-Comté.
Là, Aënendhil avait renoué avec ses vieux adversaires & compris par où était passé la Faux d' Elune après le Val Hurlant.
Visiblement, les Worgens avaient trouvé une terre où prospérer, grandir & même se faire adopter par un Mage dont Aënendhil avait, après bien des recherches, trouvé le nom: Arugal.
L' Elfe avait alors prétexté vouloir approfondir ses recherches chez lui. Renzik n' y voyait pas d'inconvénient.
Le Voleur en avait donc profité pour rentrer à Darnassus, voir Erion, se perfectionner avec Anishar, en apprendre plus sur les poisons auprès de Syurna...
Au détours d'une conversation avec Erion, Aënendhil avait mentionné Ravenholdt. Sans sourciller, Erion avait sorti un courrier qu'il avait donné au Voleur. Une lettre impersonnelle, qui pouvait s' adresser à n' importe qui. Erion avait seulement conclu en disant que ce courrier était "sûrement" pour Aënendhil...
Intrigué, le Voleur, avait ouvert la lettre qui l 'invitait à participer au "Rituel de la Malice" au Manoir de Ravenholdt par un certain Fahrad. La première chose à faire était de trouver le Manoir, puis d'aller voir Fahrad...

Ayant rendu son artefact à Arantir, Aënendhil s' était fait donné la position du Manoir. Son amitié désormais forte avec la Main du Chaos lui avait au moins oté cette épine du pied. Il pouvait se permettre d'aller au Manoir sans se faire annoncer, dans la mesure où son nom y était déjà connu.
Ayant convenu avec Renzik qu' une visite du Donjon d' Ombrecroc s'imposait, il avait pris la route de Austrivage, dernier bastion humain avant les forêts lugubres des Pins Argentés.

Ici, sur les quais d' Austrivages, le Voleur était à la fois aux portes du Manoir & d' Ombrecroc.
Il pouvait satisfaire à sa mission pour le SI:7 & aller à ce qu' Arantir avait appelé son "inévitable destin", Ravenholdt.
Une chose néanmoins le faisait hésiter: tout était trop facile... Renzik s' était montré particulièrement conciliant quand il s' était agit de s' absenter pour rentrer à Darnassus puis de visiter Ombrecroc pour Voir si Arugal y agissait encore, y dressant son armée de Worgens.
Comment le Gobelin pouvait-il ignorer que la route d' Ombrecroc le ferait passer par les abords de Ravenholdt? Combien de Voleurs, avant lui, ont pris le même chemin?
L' Elfe partit du principe que Renzik, bras droit de Shaw, n' ignorait rien. Renzik SAVAIT que le Voleur voulait passer par Ravenholdt, Renzik SAVAIT que le Voleur DEVAIT aller à Ravenholdt. En fait, Aënendhil se demandait même si Renzik n' était pas en train de tester sa Loyauté à Hurlevent & à l' Alliance...
Aënendhil se demanda lui-même à qui allait vraiment son allégeance...
"Allons-voir. Je prendrais une décision ensuite..."
Le Voleur alla chercher Fantôme, le scella & récupéra ses affaires à l' auberge.
Comme il allait partir, un garde l' interpella:"Vous allez au Nord, l' ami?
-Non, à l 'Ouest; Je vais vers les terres des Réprouvés."
Aënendhil n' avait aucune envie de donner son emploi-du-temps à un garde.
"Faites attention alors. Ce sont des monstres... Et ils sont aussi au nord vous savez.
-Je sais, oui..."

Aënendhil eu pour la première fois un pensée méprisante pour un allié. Ce garde voyait des Réprouvés au nord, à Moulin-de-Tarren, & à l' ouest, dans la Forêt-des-Pins-Argentés.
L' Elfe, lui, pensait à Ravenholdt au nord & Ombrecroc à l' Ouest.
"Nous n 'avons vraiment pas la même vue sur le monde", se dit-il...[left]

L' Assassin 2e Partie

Quelque part dans les bois, Frontière entre Alterac & Hautebrande,


Aënendhil se tenait assis, Fantôme près de lui, calme & goûtant l' air frais des montagnes. L ' Elfe avait trouvé un point d' où observer l 'entrée du Manoir. Une caverne percée de part en part servait d 'entrée.
Elle devait déboucher vers une clairière au sein de laquelle devait se trouver le Manoir proprement dit.
Devant l 'entrée, deux sentinelles vêtues à la mode des Voleurs montait la garde.
De là où il était, l' Elfe pouvait distinguer, à mi-chemin dans le tunnel, un coffre de bois. Etait-ce là ce qu'ils gardaient? Le pire endroit pour entreposer un coffre...
Le Kal'Doreï se demandait aussi quelle arrivée serait la plus judicieuse: une entrée discrète, dissimulée dans les Ombres, au nez & la barbe des gardes ou quelque chose de plus franc, sur une monture, la lettre à la main pour témoigner de son invitation.
"Participer au Rituel de la Malice"
"Venez me voir"
"Rapportez le sceau de Ravenholdt ci-joint..."
Aënendhil tournait ces phrases dans tous les sens. Fallait-il rencontrer Fahrad pour participer? Commençait-on le Rituel dès lors qu'on acceptait de venir au Manoir?
Et ce coffre... Pourquoi la Ligue des Assassins gardait un coffre à l'entrée du Manoir?

Ne sachant que faire, l' Elfe se tourna vers l' option de prudence. Il fit silencieusement signe à Fantôme de rester là, se camoufla dans les ombres & se dirigea vers l 'entrée. Ce coffre l' attirait.
A peine était-il sur le chemin qui allait vers les gardes & l' entrée qu' une ombre furtive & rapide lui passa devant, le frolant & le fit stopper net. Des ombres nocturnes, une silhouette émergea devant les gardes, une silhouette rachitique, voûtée, vêtue de cuir usé & de haillons, armée d'une hachette & d'une épée courte. Là, devant lui, de dos & saluant les gardes, un Réprouvé venait de lui griller la politesse! Le Mort-Vivant exhiba un petit objet & les gardes le laissèrent passer. Le Réprouvé passa devant eux, s'arrêta devant le coffre puis sembla chercher quelque chose autours de lui. Il finit par cracher par terre & s'en alla poursuivre son ascension vers le Manoir.

Aënendhil resta là, sonné, non pas par cette scène, mais par sa propre bêtise...
"Localisez le Manoir"
"Rapportez-moi le sceau de Ravenholdt"
"Venez me voir"
Rien, absolument rien, ne parlait d'ouvrir un coffre, de fouiller des poches ou autres subtilités auxquelles il s' était plié de mauvaise grâce depuis son arrivée à Hurlevent.
Ce coffre, ce maudit coffre, n' est qu'une pitoyable diversion destinée à égarer les candidats! Il est même sûrement piégé!
Sans le sens aigu du pragmatisme & la paranoïa avancée de ce Réprouvé, Aënendhil serait tombé dans le piège, comme d' autres peut-être avant lui.
Voilà le "Rituel de la Malice"... Déjouer le plus enfantin des pièges que le Kal' Doreï n'avait même pas vu!
Aënendhil retourna chercher Fantôme.
"Mais quel idiot je fais! Il suffisait de lire la lettre & de s' en tenir aux instructions..."
Il pensa à Erion qui lui avait dit que son côté curieux & ses initiatives étaient des qualités pour un Voleur.
"Erion, tu te moques de moi!"
Il se souvint que dans la même discussion, il avait été question de canaliser cette tendance.
"Si je dois risquer ma peau à chaque leçon qu'on cherche à m' apprendre ou à chaque épreuve, tu risques de te retrouver orphelin, mon pauvre Fantôme... Tu es affublé d'un cavalier bien mal inspiré, tu sais..."
Le Sabre-de-Givre répondit par un feulement sonore qui rassura un peu le Voleur.
"Viens, on va se présenter..."
L' elfe enfourcha sa monture & rejoignit le sentier. Devant les gardes, il montra le sceau du Manoir.
"J'ai là une babiole que Fahrad m' a demandé de ramener. Je suis attendu."
Les gardes esquissèrent un sourire & firent signe d' entrer.
"Bienvenue à Ravenholdt, Voleur."[left]

L' Assassin 3e Partie

Manoir de Ravenholdt, Montagnes d' Alterac,

Aënendhil profita du couché de soleil tardif dans les montagnes pour errer dans les jardins. Sous la lumière rougeoyante du crépuscule, il accompagnait l' herboriste de Ravenhlodt dans sa cueillette vespérale, une Elfe de la Nuit aux cheveux émeraudes & à la voix douce.
Depuis deux jours, le Voleur avait pris ses quartiers au Manoir, une bâtisse imposante & raffinée, décorée avec goût avec les bibelots accumulés pendants des siècles par la famille du seigneur Jorach Ravenholdt.
Son entretien avec Fahrad s' était soldé comme il s' y attendait: par une mise à l' épreuve.
Fahrad lui avait expliqué que Ravenholdt était le siège de la Ligue des Assassins, un aréopage discret des plus fines lames des Royaumes de l'Est. Ils étaient en guerre avec le Syndicat, des criminels membres des anciens Royaumes d' Alterac menés par Aliden Perenolde, le descendant d' un traitre durant la Première Guerre.
Pour gagner les faveurs de Ravenholdt, il suffirait de nuire au Syndicat, la méthode la plus en vue consistant à voler les insignes du Syndicat sur ses membres pour que ceux-ci soient châtiés par les leurs... Les tuer restait une option tout à fait envisageable aussi.
Aënendhil s' était vu accorder le droit de résider au Manoir le temps de faire ses preuves sur la longueur, dans la mesure où Arantir avait déjà parlé d' Aënendhil à l' intendant du seigneur.
Alternant des raids courts mais efficaces sur les positions du Syndicat, notamment Fort-de-Durn, & des moments de pause pendant lesquels l' Elfe observait la vie du Manoir, il avait finit par en savoir davantage sur ce qu' impliquait de travailler pour la Ligue. Pour le moment, cela ne lui plaisait qu' à moitié.
L' herboriste Kal'Doreï allait & venait dans ses allées de plantes, presque toutes exclusivement réservées à la confection des poisons les plus virulents de cette partie du monde.
Un peu plus loin, un Orc, vêtu d'une robe blanche errait sur l 'aire d' entraînement au tir.
"Qui est cet Orc là-bas?"
L' herborsite ne regarda même pas qui Aënendhil désignait.
"Maître Kang. Il a pris sa retraite de la Main Brisée & vit avec nous. Il fait bénéficier les jeunes Voleurs comme toi de ses conseils...
-La Main Brisée?
-C'est l' équivalent à Orgrimmar du SI:7. Ils ont des yeux & des oreilles dans tout Kalimdor. Je crains pour toi que tu ne les retrouves souvent sur ton chemin.
-Si je quitte le SI:7, ça n'aura plus d' importance...
-Pourquoi quitterais-tu le SI:7? C'est la chance de ta vie! Tu sais combien de gens ont fait exprès de se faire emprisonner pour avoir une chance de se faire recruter?
-Quoi?
-L' origine du SI:7, c'est les geôles de Hurlevent... Quand il a fallu contenir la pègre & l' utiliser pour de basses besognes en dehors des lois humaines. Ca a été un moyen de recrutement efficace pour Shaw, & ça l' est encore.
-Ce que je veux dire, c'est qu' il m' est difficile de travailler pour les uns & les autres en même temps... Je suis déjà presque sûr qu'on met à l' épreuve ma loyauté où que j'aille; si je commence à m' éparpiller dans mes allégeances...
-Et pourquoi pas après tout? Le SI:7 & la Ligue font à peu près la même chose, non?
-Possible... Mais ces organisations réclament une certaine forme d' exclusivité qu'il me sera difficile de concilier.
-Ne crois pas ça... Le SI:7 n' a que peu d' ambition en dehors des frontières du Royaume de Hurlevent, & la Ligue est trop prise dans ce conflit avec le Syndicat pour regarder plus loin que cette région. Tu es plus libre que tu ne le pense, Aënendhil."
Le Voleur réfléchissait à tout cela. Pour le moment, c' était un peu flou puisqu' il ignorait à quel point Ravenholdt & le SI:7 pouvaient tolérer des activités multiples chez leurs inféodés.
"Je me demande comment font les autres..." Le Voleur pensait à voix haute, ce qui n' avait pas échappé à son interlocutrice.
"Si tu veux savoir, tu n' as qu' à demander!" lui répondit-elle le sourire aux lèvres. Elle désigna des yeux le Réprouvé qui avait devancé Aënendhil à l' entrée du Manoir & à cause de qui son entretien avec Fahrad n'avait pu se faire qu' après deux bonnes heures d' attente.
Assis sur le rebord de la falaise qui dominait Alterac, le Mort-Vivant aiguisait ses dagues de lancer.
En deux jours, Aënendhil avait déjà perçu plusieurs fois la présence insinuante du Voleur Réprouvé.
A Fort-de-Durn, un chemin de cadavres avait permis à Aënendhil de le suivre, de le trouver & de le voir à l' oeuvre: une parfaite machine à tuer, rodée, froide, silencieuse, méticuleuse... L' Elfe avait noté que le Réprouvé, contrairement à lui-même, ouvrait ses combats différemment selon qu'il avait à faire à un Mage, un Guerrier ou un Démoniste. Le Mort-Vivant mettait un point d' honneur à s' adapter à ses proies, à ne laisser aucune chance, à attaquer par là où ça faisait mal. Rien n 'était laissé au hasard.
"Comment veux-tu que je lui parle? Je ne parle pas le bas-Parler, ni l' Orc, ni aucune langue qu'ils utilsent dans la Horde...
-Toi non. Mais lui, il n' y a pas si longtemps, il était humain. Il vivait paisiblement à Lordaeron quand Le Fléau a tout dévasté. Quelle langue parlait-il alors?"
Aënendhil regarda le Réprouvé.
"Le Commun, bien-sûr..." susurra-t-il... "C'est comme ça que Fahrad, Ravenholdt & les gardes le comprennent. Il n' a pas oublié sa langue maternelle..."
Cette petite révélation ouvrait chez l' Elfe de nouvelles perspectives encore impossibles la veille...
"Je te laisse avec lui, Aënendhil. On se voit plus tard..."
Elle se retira dans un signe de salut que lui rendit le Voleur.
Il se tourna vers le Mort-Vivant, à une vingtaine de mètres de lui. Le monstre était squelettique, le visage atrocement mutilé & à moitié caché, ou soutenu, par des sangles de cuir derrière lesquelles perçaient des yeux sagaces, vifs & inquiétants. Des touffes éparses de cheveux verdâtres poussaient ça & là sur un crâne pourri parsemé de cicatrices, toutes plus ou moins anciennes & plus ou moins bien refermées. Des mains décharnées maniaient habilement ses dagues. Des pièces de cuir en mauvais état & un capuchon mauve sali par les intempéries achevait de donner à cet être une impression de délabrement, de déchéance teintée d'une volonté ineffable de survie, de résistance & de longévité.
Aënendhil s' avança vers lui.
"Bien le bonsoir Réprouvé," risqua-t-il en commun.
"Sombresoir Elfe." Il rangea ses dagues après une courte inspection visiblement satisfaisante.
"Je..." Aënendhil ne savait même pas par où commencer! Des milliers de questions s' accumulaient dans son esprit. Il était pour la première fois en trois siècles dans l' équivalent d' un sanctuaire, avec un potentiel ennemi à qui parler... Sans savoir quoi dire... Il se sentait idiot.
"Vous... Tu..." Par Elune, doit-on tutoyer ou vouvoyer son homologue du camps adverse?? L' Elfe rageait contre lui-même...
-"Tu" c'est encore ce qu'il y a de mieux... répondit le Réprouvé. "Si on met de côté la distance de l' âge, nous sommes ici des pairs. Le tutoiement atténue la fausse politesse qui n'est pas de mise ici.
-Tu as raison. je suis Aënendhil Blanchelame, d' Astranaar.
-Necrotraqueur Heimdhal Galloway, à ton service..."
Le coeur d' Aënendhil failli s' arrêter de battre. Un Necrotraqueur... La Garde d' élite de la Dame Noire, les plus dangereux opposants qui soient au Nord des Royaumes de l 'Est... Si la moitié des rumeurs étaient vraies, Aënendhil était en face de quelqu' un capable de rentrer dans n' importe quelle forteresse, traquer des victimes désignées pendant des jours, des semaines sans jamais rien lacher, y compris en terrain hostile, capable de supporter des tortures innommables pendant longtemps juste pour accomplir un simple ordre donné par la Reine Banshee... Une garde prétorienne triée sur le volet, dévouée toute entière à la volontée de sa Reine & à la vengeance d' un peuple, rien d' autre.
Tachant de ne rien perdre de sa contenance, l' Elfe s' inclina & s' installa à côté d' Heimdhal, à une distance respectable néanmoins.
"C'est la première fois que tu viens ici, Heimdhal?
"Oui, comme toi je suis là depuis deux jours. Les excentricités de la Grande Exécutrice de Moulin-de-Tarren me fatiguent. Je suis là... en repos, pour changer d'air. Et toi? Tu as l' air déjà bien familier avec toute cette clique.
-C'est la première fois que je met les pieds ici. Le SI:7 teste ma loyauté je crois. Je ne sais pas quoi décider: si je reste ou si je part.
-A toi de voir. Ici, à part tuer pour un salaire confortable, il n' y a aucun intérêt à rester. Se perfectionner à l' abri des regards, à la rigueur..."
Aënendhil approuva en silence. Ravenholdt attirait à lui des membres potentiels pour s' attacher leur service en l 'échange d'une vie à l 'abri du besoin. Rien d'autre.
"Je ne sais pas pour toi, mais je ne suis pas un coupe-jarret de luxe. Ma main est au service de ma Reine & de sa volonté. Pas pour régler des comptes de nobliaux fortunés qui ont oublié où se trouve l 'ennemi, le vrai. Ravenholdt, ça risque de ne pas me passionner plus que ça...
-Tu as sûrement raison... Mais si on s'en va sans demander notre reste, que vont-ils penser?
-Alors, ce que pensent des humains prétentieux, qui n'ont aucun sens des priorités & qui nous engagent seulement pour éviter qu' ils ne deviennent nos cibles un jour, ça je m'en fous pas mal...
-Ca ne te travailles pas? De trainer une réputation de déserteur?
-Auprès de ces pantins? Absolument pas! Un mot, un chuchotement de Sylvanas & ils seront balayés, effacés de l' histoire de ce coin paumé. La guerre, elle a lieu ailleurs, en Norfendre. Leur peuple saigne, comme le mien & le tien, pour purifier une terre gelée & eux, ils jouent à recruter les fines lames pour leur perpétuelle chamaillerie territoriale. C'est indécent. Je reste une semaine, & je m'en vais.
-Ils risquent de mal le prendre... Mais ton point de vue se défend. En fait, tu as mille fois raison..."
Dans sa volonté de satisfaire les attentes de tout le monde, Aënendhil en avait oublié l' essentiel: le monde est en guerre & il serait forcément amené à froisser quelqu' un, ou confronté à des points de vue pas toujours conciliables. Il serait amené à faire des choix, des choix pour lui-même qui iraient nécessairement à l' encontre de quelqu' un. Aënendhil ne pourrait jamais satisfaire tout le monde.
"-Un peu que j'ai raison!" renchérit Heimdhal." Nous obliger à passer à côté d'un destin pour jouer à leur jeu pitoyable, non merci...
-De quoi tu parles?
-Ton destin Aënendhil. J'ai vécu pendant 35 ans comme un péon, oublieux & niais, jusqu' à ce que le Fléau ne détruise tout ça. Je ne me suis levé de la mort que pour, une fois encore, servir comme un esclave décérébré! Mort-Vivant ayant le choix entre rien & une servitude glacée dans le sillage de ce fou d' Arthas! Le choix entre une vie de regrets puis un néant absolu, ou l' étreinte glacée de l' immortalité au service du Roi-Liche & de ses projets insensés... Tu imagines ce que j' ai ressenti quand Sylavanas nous a libéré de ça? Une troisième chance! Qui dans le monde peut espérer avoir une troisième chance de vivre éternellement & de faire quelque chose de son existence?"
Heimdhal marqua une pause, l' Elfe n' osait pas intervenir.
"Crois-moi, Aënendhil d' Astranaar, ton destin, ne te le fais pas dicter par d' autres! Si ces sinistres imbéciles de Ravenholdt doivent juger que tu es un déserteur parce que tu as refusé leur offre, plante leur une dague dans le dos, crache sur leur cadavre, maudit leur nom & va-t' en faire quelque chose qui est important. La mort, c'est le don qu'on fait au monde pour remettre les chose en ordre, nous Voleurs...
-Je crains de ne pas être un tueur aussi déterminé que toi... Tuer n'est que la pire option pour moi.
-Moui, ça c' est parce que tu es un Elfe avant d' être un Voleur. Fais l' inverse, & tout sera clair comme le Lac Lordamere..."
Aënendhil réfléchissait à ce qui lui disait Heimdhal. En quelques secondes, une idée se fit jour en lui.
Heimdhal avait raison sur toute la ligne...
Acquiescant de la tête, Aënendhil, venait de prendre une décision...
" Je reste une semaine, & je m'en vais. J'ai sûrement mieux à faire...
-Voilà qui est parlé, Elfe. Voilà qui est parlé comme un Voleur... Je reste une petite semaine aussi; nous aurons des choses à nous dire je crois...." Le Réprouvé souriait narquoisement derrière ses sangles faciales.
-"Commence par m' apprendre ce sourire prédateur que tu as. J' en aurai besoin..."[left]

Le Mercenaire 1e Partie

Theramore, Marécage d' Âprefange,

"Ca tombe bien que vous soyez là, on a du travail par dessus la tête, ici..."
L' agent du SI:7 Calia Hastings tentait de dévisager l' impassible Kal' Doreï devant elle. Difficile de voir la moindre réaction derrière un masque, d' autant que l' Elfe avait pris de soin de se poster devant elle à contre-jour, dans l' axe d' un soleil couchant qui plus est...
"Je vais me présenter à Dame Jaina avant quoi que ce soit. Elle a du revenir du Norfendre, non?
-Oui, elle est là, mais..."
Calia n' eu pas le temps de finir sa phrase, l' Elfe venait de prendre son sac & se dirigeait vers la citadelle.

En plusieurs semaines, l' Elfe n' avait pas perdu son temps. Il était resté comme convenu une bonne semaine à Ravenholdt avec Heimdhal à s' entraîner comme un forcené, les deux Voleurs s' instruisant mutuellement. Aënendhil avait appris le tir à l' arbalète, les réflexes face à différents ennemis, à arborer un sourire narquois, & surtout à penser, agir, réagir comme un Voleur; à ETRE un Voleur.
En retour, l' Elfe avait appris à Heimdhal le tir à l' arc, amélioré sa dissimulation & son maniement de l' épée. Les exercices pratiques se firent au détriment des membres du Syndicat de Fort-de-Durn, puis, les cibles venant à manquer, à Strahnbrande ou sur les hauteurs d' Alterac.
La proximité d' Heimdhal avait eu un effet inattendu chez Aënendhil. D' ordinaire, l' Elfe allait au combat avec une boule au ventre, un stress qu' il connaissait depuis toujours: celui d' être tué.
Aënendhil ne répugnait pas d' aller au combat, mais avait toujours eu peur pour sa vie.
Heimdhal avait atténué grandement cela, au profit d' une confiance en soi & d' une maîtrise de ses émotions incroyable.
"Les Guerriers ont peur, ils passent outre par la rage du combat. Les Démonistes & les Prêtres ont peur aussi, ils la surpasse en l' insinuant chez leurs cibles. Tout le monde peut craindre pour sa vie, mais nous, Voleurs, nous avons pour nous la certitude d' être maître de nous & de ce qui se passe. Le combat est écrit à l' avance: on tue, & du début à la fin, nous sommes maître de ce qui arrive. En fait, nous pensons à l' avance au combat, & nous ne faisons que mettre en application ce que nous avons prévu."
Les mots d' Heimdhal allaient dans le sens de ce qu' Aënendhil avait décidé pour lui-même: une maîtrise totale & exclusive de soi, de son destin, de ce qui arrive.
"C' est ça être un Voleur, mon gars: être au commande du début à la fin de tout ce qui se passe dans un combat. On ne tue pas parce qu' on est obligé, parce que c' est notre devoir ou d' autres conneries dans ce genre. Laisse ça aux Paladins ou aux bidasses. On tue parce qu' on a TOUT prémédité. Point final..."
Une semaine de ce traitement avait métamorphosé l' Elfe d' estafette émotive en monstre froid & calculateur. Il s' y était parfaitement fait, ne rechignant nullement à laisser derrière lui les vestiges de son encombrante personnalité rancunière & craintive. Fini les préjugés contre les Druides, les Sentinelles, Raene, Fandral & son passé raté. Fini le qu' en-dira-t-on, les craintes du jugements des autres.
Les deux Voleurs s' étaient quitté chaleureusement avec un cadeau l' un pour l' autre. Aënendhil avait offert au Réprouvé une amulette de sa fabrication, & avait reçu de celui-ci une hachette venant des trésors enfouis dans Lordaeron. Ils décidèrent de rester en contact, passant pour ce faire par Ravenholdt. Ils décidèrent de rester aussi en bon terme avec le Manoir, se laissant à sa disposition pour leur contrats sanglants.

De retour à Hurlevent, Aënendhil avait dit à Renzik, qu' il n'avait pas visité Ombrecroc, laissant le soin aux Réprouvés de se salir les mains. Il avait assuré Renzik pouvoir disposer rapidement de retours sur les événements là-bas.
"Peu importe, je t'envoie en Kalimdor...
-Tiens donc... Pourquoi ça? Le SI:7 joue en dehors du Royaume maintenant?
-Justement, le Royaume étend sa suzeraineté jusqu' à Theramore. Tu connais?
-De nom seulement.
-Si on a pris soin de recruter certains Elfes, c' est parce que vous y avez une bien meilleure assise que les humains. En dehors de Theramore, ce trou paumé dans un marécage puant, L' Exodar & Darnassus sont les seuls points d' ancrage de l' Alliance & ils sont particulièrement... insularisés. La mainmise de la Horde sur ce continent y est presque totale. On ne peut pas le tolérer plus longtemps.
Les Elfes ont de bien meilleurs relais que nous sur Kalimdor. C'est pour ça qu' on t' envoie là-bas épauler nos agents sur place. Tu auras une bien meilleure mobilité que Hastings & Porter, nos deux agents en poste. Il y a un bateau qui part de Menethil & qui fait la liaison.
-Non, je préfère passer par Darnassus puis par les Tarides.
-Comme tu veux..."
Renzik avait eu la sensation désagréable que l' Elfe faisait de plus en plus comme il voulait.

Plutôt que de passer par Darnassus, Aënendhil voulait surtout passer par l' Exodar. Ce qui avait été un loisir, puis une maigre source de revenus s' était mué en passion: la joaillerie, discipline dans laquelle les Draeneïs excellaient. Aënendhil était curieux de voir ce que Farii & Arred allaient penser de ses progrès.

Après l' Exodar, Aënendhil avait fini par enfin prendre la route de Theramore. Sa route devait le faire passer par Orneval, mais il préféra prendre un griffon pour Chant des Forêts plutôt que pour Astranaar.
"Je retournerai voir cette harpie plus tard...." pensa-t-il à propos de Raene.
De Chant des Forêts, il prit la route vers Mor' shan, le rempart fortifié derrière lequel les Chanteguerres avaient implanté un camps d' où il envoyaient leur expéditions. Connaissant parfaitement l' endroit, le Voleur prit soin de passer par un sentier qu' il savait négligé par les Voltigeurs de la Horde & s' engouffra dans la savane des Tarides par la Route de l' Or. Il avait évité la Croisée & le Camps Taurajo quand il était arrivé sur un chemin en pente douce qui descendait vers une région boisée, poisseuse d' humidité, envahie de moustiques, de reptiles carnivores, de créatures parfois bien plus grosses qu' un Tauren, voir des Dragons...
Un humain se tenait sur le bord du sentier, à côté de ce qui avait été une bâtisse de bois, désormais un tas fumant de braises. Il se fit donner la route de Theramore qu' il avait suivit sans encombre pour arriver aux portes du seul point de Kalimdor tenu par Hurlevent.
Il était entré dissimulé par la grande porte, sous le nez des gardes à qui il ne tenait pas à signaler sa présence, pour ne finalement réapparaître que derrière Calia Hastings, l' agent de terrain du SI:7 à Theramore. Après une courte présentation, Aënendhil avait inspecté les lieux, puis demandé un état de la situation, en fonction de quoi il déciderait ce qu'il y aurait à faire.

Son sac sur le dos, Aënendhil montait vers la Citadelle d' où Dame Jaina Portvaillant dirigeait la cité.
Il n' adressa aucun regard aux personnes qu' il croisait. A son propre étonnement, il n' eu même pas de réaction en voyant les Hauts-Elfes qui vivaient ici. Il fut un temps où croiser un tel être aurait été un bien douloureux souvenir pour l' Elfe. Désormais, il était un Voleur avant d' être un Kal' Doreï, & un Voleur se moque bien de rencontrer un Haut-Elfe.
"Merci Heimdhal..."
Devant la petite cour de Jaina, Aënendhil se présenta ainsi que les motifs de sa visite.
"Je tiens juste à signaler ma présence auprès de vous & de vos bras-droit. Ni vos hommes, ni qui que ce soit n' aura à se plaindre de moi, je serai presque invisible tout le temps.
-Vous avez bien fait. Soyez le bienvenu à Theramore. J' ai énormément à faire & je n' aurai pas toujours le temps que je souhaite pour vous aider dans vos missions, mais je ferai en sorte qu' on vous facilite la vie durant votre séjour.
-Je ne vous accaparerai pas, pas plus que quiconque ici. Que la grâce d' Elune s' attache à vos pas..."
Aënendhil reprit son sac & sans plus un mot ni un geste s' en alla par l' escalier en colimaçon.
"Maudites mondanités..." pensa-t-il. "On va pouvoir passer aux choses sérieuses."

Dans sa chambre, à l' auberge, Aënendhil pensait à ce qu' il y avait à faire: diminuer l' influence de la Horde sur tout un continent. Un travail de Titan, rien de moins. Il mit au point un plan, un plan en trois étapes.
La première consistait à refaire de Theramore une cité vigoureuse de l' Alliance, un ancrage sûr, & non une citadelle séditieuse où des nostalgiques de l' Amiral contestaient l' autorité de Jaina. Supprimer les traîtres...[left]

Le Mercenaire 2e Partie

Bourbe-à-Brac, Marécage d' Âprefange,

"Ce que tu me demandes, c'est de trahir notre neutralité, Elfe..."
Axle avait l' air offusqué. Le gobelin allait & venait dans sa petite pièce, visiblement irrité d' avoir cette conversation.
"J' achète un renseignement. Ca n' a rien à voir avec une trahison. Ne me dis pas qu' aucun membre du Cartel n' a jamais vendu ce qu' il savait à l' une ou l' autre faction!
-Les autres font comme ils veulent! Moi, je ne peux pas me le permettre! Avec Theramore & Mur-de-Fougères à un jet de pierre d' ici, je ne peux pas jouer à ça!
-Je ne te demande pas de choisir un camps, aubergiste; juste de me vendre une information valable.
Tu auras tout le loisir de vendre ce genre d' information à la Main Brisée s' ils viennent te voir... Je ne t' en voudrai pas...
-Super! Trop généreux de ta part! Si la Main Brisée vient me voir après t' avoir vendu des infos, ce sera pas pour avoir les mêmes, mais pour me dézinguer! Et les Trolls de la Main Brisée sont pas réputés tendres, tu sais! Ils pourraient même me bouffer tout cru, ces sauvages!
-Calme-toi. Aucun membre de la Horde ne viendrait tuer un membre du Cartel. Même ceux qui se sont alliés à la Voile Sanglante préfèrent commettre leurs méfaits à Baie-du-Butin..."
Aënendhil sorti une bourse remplie de pièces d' or & la posa sur la table. Il devait montrer au gobelin ce que pouvait représenter une telle somme. L' avidité des gobelins aidant, il serait plus enclin à accepter son offre...

Pendant deux semaines, Aënendhil avait travaillé comme un forcené pour démasquer les traîtres de Theramore avec Calia. Il avait même dû en supprimer un ou deux devant les yeux médusés des gardes de la ville. Une forme de message: "Voilà ce qui arrive aux déserteurs, aux traîtres, aux lâches..." Il s' était ensuite attelé à discréditer la propagande des rebelles & avait, sur les conseils de Calia, finit par débusquer le cerveau de cette entreprise séditieuse.
Le Voleur avait ensuite prit le soin d' étudier toutes les cartes des régions alentours. Dans son esprit, pour implanter durablement l' Alliance en Kalimdor, il fallait désenclaver les possessions de celle-ci, trop éloignées les unes des autres, mais surtout desserrer l' étau de la Horde sur le continent.
En étudiant les cartes, Aënendhil avait bien vu que l' essentiel des communications devait se faire par messager aérien, comme dans l' Alliance. Aënendhil ne s' intéressait pas aux caravanes terrestres qui allaient à travers les Tarides entre Orgrimmar & Les Pitons-du-Tonnerre. Le commerce de la Horde n' était pas son problème. Ce qu' il voulait, c' était coincer un messager de la Main Brisée en plein vol. Si la Horde utilisait les wyvernes comme moyen de communication, alors toute communication devait nécessairement passer par le Cartel: la Horde n' avait, comme l' Alliance par ailleurs, aucune implantation solide au sud de Kalimdor. Gadgetzan, Sillithus ou Un' Goro, toutes ces régions avait un point de vol tenu par le Cartel ou , dans le cas de Sillithus, le Cercle Cénarien. Aënendhil avait alors décidé d' utiliser le Cartel pour débusquer un membre de la Main Brisée qui passerait par un point de vol du sud du continent. L' endroit le plus proche pour "solliciter" la bienveillance du Cartel, c' était Bourbe-à-Brac, où Aënendhil avait montré ses bonnes intentions en vendant pour presque rien ses services au membres du Cartel qui en avaient besoin. Après s' être attiré leur bonnes grâces, le Voleur en était arrivé à expliquer ce qu'il voulait à Axle, l' aubergiste de Bourbe-à-Brac.

Le Gobelin s' assit & regarda la bourse. "Ecoute, prend l' or et donne moi l' info. Ca reste entre nous. Si jamais la Main Brisée finit par venir te voir, et j' en doute, tu pourras leur vendre mon nom, ma description, ma prochaine destination, tout ce que tu veux, pour le double, peut-être le triple... Tu pourras même leur dire que je ne t' ai pas acheté mais malmené pour savoir ce que je voulais..."
Le gobelin semblait s' être calmé & réfléchissait, se grattant le menton les yeux rivés sur la bourse généreuse du Voleur. Aënendhil, assis sur un petit tabouret, se plaqua contre le mur en fixant le gobelin. Il mit la main sur la bourse qu' il fit mine de reprendre. " Comme tu voudras, Axle...
-Attends!" siffla le gobelin de sa voix aigrelette. Axle posa la main à son tour sur la bourse & regarda le Voleur dans les yeux.
"La Horde a toujours des problèmes avec la Lame Ardente. La Main Brisée se méfie de leurs espions. c'est pour ça qu' il ne s' envolent que rarement d' Orgrimmar, mais préfèrent partir depuis Cabestan, où la Lame Ardente est absente. Tous les mecs de la Main Brisée partent de là pour aller... Peu importe! Ils partent de Cabestan..."
Axle attira la bourse à lui & Aënendhil retira sa main. Sans un mot, le Voleur se leva & sortit. Comme il partait, Axle lui lança un cordial au revoir:" Au plaisir de ne plus jamais te revoir, Elfe!"
Aënendhil ne répondit pas. "Maudit soit l' Alliance..." siffla Axle pour lui-même.

Sur le griffon qui le menait à Cabestan, Aënendhil médita son plan: intercepter un message de la Main Brisée, peut-être supprimer son porteur, & examiner les possibilité en fonction de ce que le message contenait. Il lui fallait savoir à quoi s' occupait la Horde en Kalimdor pour agir convenablement.

Arrivé à Cabestan, Aënendhil fit le tour du port. Il examina les allées & venues au point de vol depuis l' auberge qui dominait la petite baie. Il attendait la nuit pour agir, & en attendant il prenait sagement une verre à la terrasse de l' auberge. Il se demandait comment reconnaître un membre de la Main Brisée, si dans la Horde, comme dans l' Alliance, la mode du cuir noir avait cours chez les espions. Ne sachant pas de quoi pouvait avoir l' air un espion de la Horde, Aënendhil décida de tirer les vers du nez des gobelins de Cabestan. Eux devaient savoir, à force d'en voir passer. En commandant un troisième hydromel à Wiley, le tenancier, Aënendhil entama la conversation:" Il n' y a pas grand monde aujourd' hui...
-Oui, c'est un peu le désert en ce moment. La guerre en Norfendre a attiré beaucoup de monde là-bas. C'est mauvais pour nos affaires.
-Tout le monde n' y est pas parti, et beaucoup sont revenus. C' est étrange de ne pas voir plus de monde dans un port qui fait la liaison entre Kalimdor et les Royaumes de l' Est...
-Bah! Les tiens préfèrent passer par Auberdine ou Theramore. Il n' y a que les Orcs ou les Trolls qui prennent le bateau régulièrement ici... Et ils ne s' arrêtent pas au comptoir ces mufles...
-Hmm, Bragok n' a pas l' air mécontent, lui..." Aënendhil désigna le Maître de vol de cabestan.
"Sûr! Il fait meilleur être dresseur de wyvernes qu' aubergiste!
-Toujours autant de Voleurs de la Horde qui viennent ici?"
Wiley dévisagea Aënendhil pour y chercher la raison d' une telle question. L' Elfe le rassura:" Ne t'inquiète pas, la Horde & l' Alliance sont en trêve. Je ne vais pas m' amuser à agresser mes rivaux sur les terres de Gentepression et précipiter une vendetta!
-Ben voyons! Tu es là pour le climat?" Le gobelin en avait vu d' autres, & ce coup-là ne marcherait pas.
Aënendhil changea de stratégie:" J' envisage sérieusement de quitter l' Alliance et de me mettre au service du Baron Revilgaz...
-Sans rire? Tu sais que tu serais le premier Elfe de la Nuit à faire ça?
-Ian Strom a bonne réputation. Je voudrais être son élève...
-Si on m' avait dit que j' entendrai ça un jour..."
Wiley vint s' asseoir près de l' Elfe & posa son balai par terre. "Pourquoi tu veux savoir si des Voleurs de la Horde passent par ici?"
Aënendhil fit semblant d' hésiter. Il finit par répondre en feignant d' être gêné:" Je veux savoir si j'ai de la concurrence auprès de Strom...
-Tu plaisantes?
-Non, je sais que les Trolls font de bon Voleurs...
-La plupart restent fidèles à Orgrimmar. T' as pas de soucis à te faire.
-Qu' est-ce que tu en sais? Tu sais reconnaître un espion d' Orgrimmar quand tu en vois un, toi?
-Parfaitement!" répondit Wiley, vexé comme un pou. "Quand tu vois un Troll, ou même un Orc, vêtu en haillons de cuir, une hachette à la main, les traits tirés par le manque de sommeil & les yeux rouges à cause de la feuillerêve qu' ils fument, c'est évident! C'est un gars qui crèche dans la Faille de l' Ombre!"
En un instant, Wiley se rendit compte de son erreur. Aënendhil afficha son sourire le plus narquois possible.
"Espèce de fils de...
-Tu parles trop, Wiley" le coupa Aënendhil, calmement & d'une voix posée. "Un jour, ça te tuera."
Le Voleur lacha les pièces d' argent qu' il devait au gobelin pour l' hydromel se leva pour descendre vers la forge. Il mit à profit le temps qu' il lui restait avant la nuit pour fondre un peu de minerai, en compagnie de Ferronzar, le fabriquant d' armes.
A la nuit tombée, Aënendhil alla errer du côté de la banque de Cabestan, pour surveiller le point d' envol, tout près. Il guettait de l' oeil Wiley, désormais au courant de ce que l' Elfe allait visiblement faire.

Après deux heures d' une attente interminable, un Orc, harnaché dans une armure de cuir, arborant dagues & hachettes à la ceinture, descendit de la Furie-du-Sud, le fleuve qui passait par Durotar pour se jeter dans la Baie-des-Marchands. Il se désarçonna de son loup de guerre, qu'il renvoya vers Orgrimmar d' un coup de cravache violent sur le flanc en braillant un ordre sec dans sa gutturale langue maternelle. L' Orc s' approcha de Bragok, puis s' arrêta pour scruter les ténèbres, en direction de l' Elfe. "Il m' a vu!" Tout de suite, Aënendhil sortit des ombres & tendit sa main gauche en signe de salut à l' Orc, qui lui répondit par un sourire carnassier. La main droite de l' Elfe, derrière son dos, alla chercher une dague de lancer empoisonnée & il la jeta sur l' Orc qui tenta d' esquiver. La dague alla se ficher dans ses spalières de cuir & il dégaina ses hachettes pour se jeter sur Aënendhil. L' Orc surina puissamment L' Elfe qui, secoué par l' assaut, resta étourdit, pendant que l' Orc se plaça derrière lui. Reprenant ses esprit, Aënendhil disparu au moment ou la Peau Verte allait lui fendre le crâne & lui tailler la gorge. Des ombres, Aënendhil désarma son adversaire, lui tailla la gorge & fit s' abattre un déluge de lame empoisonnée sur l' Orc qui cherchait maintenant à fuir. Aënendhil rattrapa le fuyard blessé qui s' était jeté sur ses armes pour les reprendre, & tenta une éviscération en passant son épée entre la ceinture & l' armature de cuir. La lame courbe pénétra les entrailles de l' Orc & Aënendhil fit tourner sa lame pour décrocher les viscères & les sortir d'un geste net. Ignorant la douleur, l' Orc tailla frénétiquement les bras & les épaules de l' Elfe. Sous le coup de la douleur, Aënendhil recula face à son adversaire mutilé mais bel & bien debout, écumant de rage. Aënendhil rendit son coup de surin à l' Orc pour l' assommer, & de sa hache, il assena un coup sur la base du crâne & dans un mouvement tournant, lui trancha une main. L' Orc s' écroula lourdement au sol, mort.
Bléssé, le Kal' Doreï fouilla le corps de son ennemi & prit tout ce qui se trouvait dans les poches, puis il s' en alla laissant là le corps de l' Orc, à la discrétion des gobelins.

Un peu plus loin, Aënendhil pansa ses blessures à l' aide de bandages de sa fabrication. De profondes entailles sur les bras & sur les épaules, jusque dans le dos, nées sous les coups puissants de l' Orc, saignaient abondamment. Reprenant ses esprits, Aënendhil fit le compte de ce qu' il avait trouvé sur son adversaire: quelques pièces, des babioles cassées sans intérêt & surtout, un parchemin scellé.
L' Elfe retira délicatement le sceau, & déplia le parchemin.
"Damnation..."
Le parchemin était parcouru d' une suite ésotérique de signes que l' Elfe ne comprenait pas.
"Il me faut un traducteur..."
Aënendhil se leva doucement pour ne pas abîmer ses bandages de soie. Il avait une idée sur l' endroit où trouver un traducteur...[left]

Le Mercenaire 3e Partie

Hurlevent, Forêt d' Elwynn,


Dans les ruelles du coupe-gorge, Aënendhil se glissait dans les ombres pour ne pas être vu des sombres pantins qui attendaient là un éventuel méfait à commettre. Non pas que l' idée de les affronter lui faisait peur, loin de là, mais si la plupart était des crétins qui aspiraient à se faire employer par Shaw, d' autres étaient bel & bien des agents du SI:7 & Aënendhil n' avait aucune envie de se faire voir d' eux.
Ses activités ne concernaient pas le SI:7, plus tout à fait, pas ce soir en tout cas.
Arrivé devant la porte, Aënendhil regarda autours de lui. Personne. Avait-elle eu son message à temps?
"Sors de là, Aënendhil, nous sommes seuls..." La voix féminine fit sursauter l' Elfe qui sortit inopinément de son camouflage.
"Comment tu as fait? C'est la première fois que je me fais avoir!"
-Tu veux que je te rappelle mon âge?
-Non, Druidesse..."
Ashalnura se tenait, souriante, presque moqueuse, devant le Voleur.
"C'est la première fois que tu viens, non?
-Dans la planque, oui. Dranilania ne m' a jamais accordé l' accès... & je n' ai eu besoin de venir non plus. Mais là, c'est différent.
-Ferme les yeux & suis-moi."
Aënendhil s' exécuta. En l' absence de consigne ferme de la Demoniste, Ashalnura ne pouvait montrer comment on accédait à la planque des Antihéros.
Ne se concentrant sur rien d' autre que sur la présence de la Druidesse, Aënendhil passa outre les indices qui auraient pu le faire deviner comment rentrer.
"C'est bon, ouvre les yeux. On est dedans..."
Aënendhil regarda la pièce autours de lui. Ashalnura interrompit son observation:" Alors, il paraît que tu as un parchemin à traduire? Montre-moi ça..."
Aënendhil tendit le parchemin à la Druidesse, qui le prit & en fit un rapide diagnostique:" Ce sont des pictoformes, l' alphabet utilisé par les Taurens, mais la langue pourrait bien être de l' Orc. Où as-tu eu ça? Tu as tué un Tauren?
-Non, il n' y a pas de Voleur chez les Taurens. Tu peux traduire?
-J' ai bien peur que ce ne soit codé de toute façon... Je peux demander à Rage de se pencher dessus...
-Qui?
-Mon mentor. Ragesabot. Tu apprendras bientôt à connaître tous ceux qui entourent Drani, ne t' inquiètes pas
-Je ne m' inquiète pas. Je ne m' étonne même plus depuis que je vous côtoie... Tu penses que je peux avoir un retour rapide de la traduction? c'est urgent...
-Je transmets ça à Rage. Tu auras ce que tu veux sous peu. Mais dans quel histoire tu t'es fourré?
-Je suis les conseils d' un ami: je me forge un destin."
Ashalnura partit d' un rire franc & le Voleur sourit en retour.
"Je te raconterai, promis... Je dois te laisser, j' ai un autre rendez-vous..."

Sur les quais, Aënendhil attendait son rendez-vous. Après son combat avec l' Orc de la Main Brisée, une partie de son équipement méritait d' être réparé, voir remplacé. Il avait fait appel à un ami, un humain du SI:7 qui travaillait le cuir sans avoir des tarifs prohibitifs.
"Salut Blanchelame!"
L' humain, un Voleur d' une belle carrure, à la chevelure longue, blonde & coiffée à la barbare, arrivait avec un paquet sous le bras.
"Salutations Ravenwood."
L' humain tendit le paquet à Aënendhil. " J'ai fait ce que j' ai pu. Ce qui n' était pas réparable, je l'ai viré pour te mettre des pièces de meilleure qualité.
-Merci beaucoup. Combien je te dois?
-Comme d' hab... 5 pièces d' or & un bijou..."
Aënendhil tendit la bourse à l' humain. "Je t'ai fait une bague cette fois-ci. Ca ira?" demanda l' Elfe.
"Impeccable. Tu peux compter sur ma discrétion aussi. Tu n' es pas passé à la vieille ville. Tu ne veux pas être vu, je me trompe?
-Tu as tout compris, Harminius. Je te remercie. Je prends le prochain bateau pour Auberdine. Je te laisse...
-Je vois. Un conseil quand même: ne laisse pas Renzik ou Maître Shaw sans nouvelle trop longtemps. Ils n' aiment pas les mercenaires.
-J' y penserai..."
Le Kal' Doreï & l' humain se saluèrent & Aënendhil alla sur le quai où s' amarrait le bateau "La Bravoure" qui reliait Auberdine à Hurlevent.
"Pour le reste, je vais avoir besoin de Fantôme..."
Aënendhil se faisait une joie de retourner récupérer son fidèle Sabre-de-Givre.[left]

Tiens, j'aurais pensé recevoir un trait de l' ombre & un laché de Gangregarde à partir d' ici...

Huhu Je suis entrain de lire

J'avouerai que ses derniers temps je le passe plus sur le jeu à essayer de fini mes réputation vanilla avec Ashalnura (Hier validé Hydraxien ) que sur le forum... J'ai un retard de lecture ^^

RAS

J'ai même été étonné de voir arriver la Cave d'Hurlevent dans l'histoire
Par contre Ashalnura est juste un peu moins froide, distante parfois mais au contraire très avenante et guillerette même... Peut paraître idiote certaines fois. Bon là le sujet était sérieux donc Ashalnura sérieux ça va bien ça colle.

Juste note pour la Cave si tu viens à la faire re-intervenir (vis à vis du voleur que tu joue chez nous ça peut paraître très logique ^^), la pièce commune est blindée de grimoires, cage à bestioles, de parchemins en tout genre éparpillé de partout... y'a que le bureau d'Ashalnura qui est ordonné ^^ Ah et puis Pagrin le diablotin hésite pas à disparaître et réappaitre n'importe où au détriment des objets, des personnes présente et au risque de faire tomber une bibliothèque

la Cave si tu viens à la faire re-intervenir (vis à vis du voleur que tu joue chez nous ça peut paraître très logique ^^), la pièce commune est blindée de grimoires, cage à bestioles, de parchemins en tout genre éparpillé de partout... y'a que le bureau d'Ashalnura qui est ordonné ^^ Ah et puis Pagrin le diablotin hésite pas à disparaître et réappaitre n'importe où au détriment des objets, des personnes présente et au risque de faire tomber une bibliothèque

C'est noté! Je me suis pas attardé dans les descriptions pour la première fois. J' aurais plus de matière la prochaine fois, si besoin s' en fait sentir

Par contre Ashalnura est juste un peu moins froide, distante parfois mais au contraire très avenante et guillerette même... Peut paraître idiote certaines fois. Bon là le sujet était sérieux donc Ashalnura sérieux ça va bien ça colle.

Là aussi j'ai voulu faire sobre. Ce n' est pas comme s' ils se connaissaient depuis plusieurs millénaires, & quoiqu' il en soit, Aënendhil voit sa "psychée" changer: aussi avenante que soit Ash, c'est lui qui met de la distance. Le point de vue est plutôt omniscient mais est centré sur le Voleur, du coup, je zappe un peu tout ce qui est impression/émotion: il en a de moins en moins...

Après une longue pause, bientôt la suite!

Le Paria

Darnassus, Teldrassil,

"Quelle histoire fascinante..."
Erion n' en revenait pas. Ecoutant le récit d' Aënendhil, il semblait réfléchir aux conséquences à court, moyen & long terme.
En trois mois, Aënendhil avait précipité une suite d' événements dont il était difficile de dire sur quoi ils déboucheraient.

Après avoir reçu un courrier d' Ashalnura avec une traduction des pictoformes, Aënendhil s' était mis en tête d' utiliser ce qui était dit dans le parchemin. Ragesabot avait bien fait les choses puisque pour chaque pictoformes, il pouvait exister plusieurs interprétations possibles & qu'il les avait listé.
Le Voleur avait compris que la Horde tentait ce qu' elle pouvait pour s' assurer une main mise définitive sur tout le sud de Kalimdor en faisant grossir les camps existants de Taurajo, le Lieu de l' Honneur & allait assiéger Bael Modan, une maigre possession naine dans les Tarides. Néanmoins, les consignes étaient claires sur le fait que la Horde ne devait rien tenter sur Theramore, Thrall étant visiblement attaché à rester en bons termes avec Jaina.
Le Voleur avait décider d' utiliser Theramore comme base arrière pour empêcher toutes ces tentatives & éventuellement susciter une contre-attaque.
Il avait commencé par envoyer un courrier urgent à Hurlevent pour demander des renforts & ainsi éviter de dégarnir le Guet-du-Nord afin de défendre Bael Modan.
Il avait insisté auprès de Jaina pour qu' elle exige que ces troupes restent ensuite dans la région. Très réticente à l' idée de militariser plus ses frontières avec les terres de Thrall, Jaina préféra ne pas garder ces troupes & les envoyer là où elles seraient utiles: en Norfendre où la guerre faisait rage.
Aënendhil, aidé d' Hastings & Porter, avait mis au point les préparatifs de défense de la petite possession naine contre un assaut imminent des Chanteguerres.
Celui-ci eut lieu un soir d' automne & la Horde, manifestement surprise de trouver des troupes en lieu & place des archéologues de la Ligues des Explorateurs, essuya une cuisante défaite. Avec ce succès militaire, les troupes de Theramore avait récupéré beaucoup du moral qui faisait défaut depuis longtemps.
Aënendhil avait ensuite écumé tout le sud de Kalimdor pour recommencer ce type d' opération: aux Milles Pointes pour empêcher une attaque sur Thalanaar, en Féralas, en Désolace, dans les Serres Rocheuses. Partout, le Voleur avait mis à mort un membre de la Main Brisée, récupéré du courrier, fait traduire le parchemin & préparé une contre-offensive. Si bien que vint un jour où Aënendhil ne trouva plus aucun espion d' Orgrimmar.
De retour à Hurlevent, Shaw & Renzik eurent une longue discussion à propos de ces avancées stratégiques. La Horde avait cessé d' attaquer les possession de l' Alliance pour se concentrer sur l' effort de guerre en Norfendre & la Main Brisée était tombé en disgrâce aux yeux du chef du guerre. Il n'en fallait pas plus pour satisfaire les têtes pensantes du SI:7.

Shaw & Renzik firent alors à Aënendhil une offre alléchante. Devant ses succès évidents, ils voulaient l' envoyer là où ses talents pourraient soutenir l' effort de guerre. Les Maleterres, pays ravagé par le Fléau, ennemi numéro un de toutes les races des royaumes de l' Est & de Kalimdor...

Là, sur des terres corrompues par un Mal qui ébranlait les fondations du monde, Aënendhil avait participé à la guerre contre le Fléau, comme bien d' autres avant lui.
Là, sur des terres autrefois celles des Hommes, il avait aussi commis un acte de Haute Trahison qui lui avait valu une déchéance aussi rapide que les honneurs gagné en Kalimdor.

Toujours en contact avec Ravenholdt, il avait été choisi par Fahrad pour exécuter un contrat: assister un assassin de la Ligue.
Le Voleur eut la surprise de voir que l' assassin à assister n' était autre qu' Heimdhal.
Heimdhal expliqua sereinement ce qu' il attendait d' Aënendhil: l' aider à tuer un des descendants de la famille Barov.
Ne sachant pas ce que cela allait lui coûter, Aënendhil accepta par amitié pour le Réprouvé.
Aënendhil ne comprit que plus tard que le frère de sa victime avait survécu au Fléau & s' était relevé d' entre les Morts & avait attaché son destin à celui de la Dame Noire. Un frère bel & bien vivant, l' autre décharné & avide de vengeance luttait pour une ruine pourrie par la corruption & l' un d' eux avait trouvé en la Ligue le moyen d' en finir.
Ayant aidé un Réprouvé à tuer un nobliau de l' Alliance sous les yeux des hommes qui faisaient le siège d' Andhoral, Aënendhil venait de se rendre coupable d' Intelligence avec l' Ennemi.
Aënendhil n' en voulait pas à Heimdhal de l' avoir ainsi utilisé & joué avec son ignorance & leur amitié. Mais le Voleur était désormais banni des Royaumes de l' Est & recherché.
En fait, il prit cela comme une leçon: les Voleurs n' ont aucun ami, & certainement pas chez d' autres Voleurs.


"Me voilà en fuite, Erion. Ennemi de ceux-là même que je voulais aider, au nom de notre allégeance. Je crains d' avoir couvert notre peuple de honte.
-Ne crois pas ça. Tu as agi par amitié, par loyauté. Tu n'es pas un traître; pas à nos yeux en tout cas. Tu resteras le bienvenu à Darnassus.
-Les lois humaines ne s' arrêtent pas à nos frontières, Erion. Je me suis fait avoir comme un nouveau venu. En plus d' être naïf & ignorant, je n'ai même pas de remords. J'ai aidé Ravenholdt à tuer un homme sans que cela ne m' affecte en rien. Je crois être devenu un monstre aussi froid que les Non-Morts du Norfendre."
Le vieux Voleur regarda Aënendhil, conscient que celui-ci n' était que le reflet de cette époque.
" Tu veux que Darnassus te protège? Nous pouvons expliquer ton cas; tu as agi de bonne foi & ...
-Non. Dis-moi seulement où je pourrais être utile, maintenant que la Horde est assagie en Kalimdor & que je suis banni des Royaumes de l' Est."

Erion réfléchit une seconde, puis sourit à l' idée qu' il venait d' avoir.

"Dis-moi, tu n'es jamais allé en Outreterre, n'est-ce pas?"
[left]

L' Exilé

Shattrah, Forêt de Terokkar,

"Fais-moi confiance, c'est ce qui se fait de mieux dans ce coin de l'univers."
Lisrythe Guette-Sang, une splendide Sin'Doreï aux cheveux roux exhibait dans ses mains pâles des gemmes finement taillées, brillantes, sur-réelles, aux vertus sûrement magiques. La fourgue, dont la beauté seulement altérée par un oeil borgne couvert avec pudeur d' un bandeau oculaire, tentait par tous les moyens de convaincre son interlocuteur.
Celui-ci examina avec attention les gemmes une par une, à la douce lumière qui baignait le degré des Clairvoyants d' abord, puis avec une inspection plus poussée via un monocle de joallier pour en repérer le moindre défaut, l' imperfection qui lui coûterait cher.
"-Tu n'es pas sérieuse. C'est très en dessous de ce que je pourrais avoir auprès du Consortium.
Si tu veux faire affaire, il va falloir faire mieux que m' achalander avec ta pacotille pour touriste.
-Quoi? Ca ne fait pas trois mois que tu es là & tu veux déjà avoir accès au fin du fin? Ce qu' il y a là, c'est ce que tu peux espérer de mieux, compte tenu de ton statut ici & de tes moyens.
-Alors oublie-moi. Oublie mon nom & oublie mon ombre. Nous n' avons rien à nous dire, Quel' Doreï...
-A ton aise, "Kal' Doreï"..."
Lisrythe regarda cette silhouette dégingandée s' éloigner en roulant des épaules. "Mufle" pensa-t-elle...

Dans la douce lueur du soir, Aënendhil traina sa haute silhouette jusqu' au rebord du degré des Clairvoyants, celui-ci offrant son plus beau panorama sur la ville sanctuaire des Naarus.
Le Voleur, gainé de cuir, masqué, sa hache de la Légion d' un côté, son épée Maghar de l' autre, contempla la ville sanctuaire, pensif, désireux d' oublier cet énième entretien raté pour faire affaire.

"Tu cherches les derniers rayons du soleil ou tu t' impatientes de voir arriver la nuit?"
La chaude voix de Kirembri Crins D'Argent vint le tirer de sa fausse torpeur. La Maîtresse Joallière à la chevelure argentée & la peau à peine cuivrée s' avançait derrière lui. La Sin' Doreï vint se tenir prêt du Voleur.
"Si le Consortium a ses pierres, ça ne sera pas par le biais des Clairvoyants en tout cas. Il n' y a rien à faire, je n'ai pas accès à leurs trésors... à vos trésors" finit-il par répondre enfin.
"Je crains qu' il ne te faille faire montre de plus de patience envers nous.
-Je me passerai de vos services je pense. Je puis être patient, mais pas au point d' être traité comme un vulgaire malanore de passage en ville..."
Kirembri sourit à la mention d' un mot de sa langue prononcée par un de ces Kal'Doreï.
"C' est amusant que tu ais choisis les Clairvoyants là où ceux de ton peuple se tournent plus volontiers vers l' Aldor. Je me trompe ou tu mets un point d' honneur à aller l' encontre des principes de ton peuple?
-Tu as tort..."
Aënendhil fit son possible pour rester impassible, mais la Joallière avait presque touché juste.
"En fait, il n' y a pas cinquante ans, j' aurais donné ma vie pour tous vous voir mourir. Aujourd' hui... C'est plus compliqué que ça. Disons que je m' encombre moins de ce genre de principes.
-Je sais par expérience que les enfants ingrats comme toi finissent toujours par revenir dans le giron de leur race, d' une manière ou d' une autre. Tu devrais songer à nous quitter, ne serait-ce que parce que tu n' es pas ici là où tu devrais être, tu sais ça?"
Aënendhil se tourna lentement & de toute sa hauteur vers la petite Sin'Doreï qui lui avait tant appris depuis son arrivée à Shattrah & répondit le plus calmement du monde:
"Je ne souhaite trahir personne. Mais je ne m' interdit nullement de partir en laissant quiconque à une mort empoisonnée avec une dague dans le dos.
-Ha? C'est une vague menace ou quelque chose comme ça?"
Kirembri, moqueuse, tachait néanmoins de sonder ces yeux luisants pour percer le poids de tels propos, sans y parvenir.
"Tes sarcasmes ou ton numéro de charme n' y feront rien. Je pense sincèrement vous quitter..."
Kirembri sembla malgré elle affectée par la nouvelle. Elle ne voulut pas cacher sa déception:
"Je suis... navrée de l' entendre. Où compte-tu te rendre? Pas à l' Aldor j' espère?"
Aënendhil ne pu s' empêcher de sourire derrière son masque de paria.
"Non, pas vers l' Aldor. Quand je suis arrivé ici, Illidan & Kiljaeden étaient déjà défaits. Cette terre n' a pas besoin de moi pour continuer son histoire. Je suis venu ici pour échapper à je-ne-sais-trop quelle punition pour avoir été fidèle à un ami. Ca n' a que trop duré. Je n' ai pas ma place ici.
-Où donc alors? Azeroth? Qu'y a-t-il là-bas qu'il n' y a pas ici?"

Aënendhil ne répondit pas. Il ne savait pas vraiment ce qui était le mieux pour lui: paria recherché en Azeroth ou exilé anonyme en Outreterre.

A l' auberge, Aënendhil salua Haelthol, qui le retint inhabituellement par l' épaule.
"Attend, Kal'Doreï. Tu as du courrier aujourd'hui...[left]

Le Fantôme

Shattrah, Forêt de Terokkar,

"Ishnu Dal'Dieb, Clairvoyant." Kylene accueillit le Voleur avec un sourire en coin.
"Salutations, Kylene. Un hydromel, s' il te plaît. Ainsi qu' une table.
-Suis-moi..."
Le Voleur emboîta le pas à la serveuse de la Taverne-du-bout-du-monde. Dans le fond de la taverne, à l' écart, le Voleur s' assit devant le verre que Kylene avait déposé sur une table à l' abris des regards.
"Autre chose?" demanda-t-elle.
"Si tu vois Lonika passer par là, dis-lui que je suis là & que j' ai eu son message.
-J' y penserai."
Kylene retourna en salle pour s' occuper d' une clientèle qui commençait à affluer en début d' après-midi. La Foire de Sombrelune avait cette manie, désagréable aux yeux de beaucoup d' habitués des lieux, d' amener un flot continu de curieux assoiffés & ignorants de biens des aspects de la vie à Shattrah.

Aënendhil sortit les deux courriers qu' il avait reçu la veille. Le premier lui venait d' Azeroth & ne l' intéressait pour le moment pas le moins du monde. Le deuxième émanait de Lonika Mortelame, propriétaire de l' Académie des Voleurs de la Ville-Basse. Egalement d' ascendance Kal'Doreï, elle & Aënendhil avait en quelque sorte lié amitié.
Son courrier lui proposait de se rencontrer pour discuter de l' un des nombreux contrats que Lonika avait en suspend & que, par manque de personnel, elle ne parvenait pas à honorer.
Aënendhil avait jusqu' ici largement évité de se mettre au service de Lonika, préférant une vague amitié à une relation professionnelle. Néanmoins, des échos de Ravenholdt étaient parvenus aux oreilles de Lonika & plus d' une fois, elle avait insisté pour qu' Aënendhil accepte de prendre en charge une ou deux délicates missions que la Voleuse ne pouvait pas confier à un élève de l' Académie. Jusqu' ici, Aënendhil avait parfois accepté, souvent refusé, mais toujours réussi à garder une liberté d' action vis-à-vis de l' Académie.
Jusqu' ici. Car désormais, Aënendhil était acculé. Il devait réunir pour le Consortium une quantité de pierres de bonnes qualités. Depuis qu' il s' était mis au service des Ethériens du Consortium, il avait appris qu' il fallait remplir ses obligations envers eux dans les meilleurs délais, au risque de se voir fermer de nombreuses portes par la suite. Or, le Voleur ne savait plus où chercher pour trouver les gemmes voulues par le Consortium. Il avait donc décidé d' accepter de discuter d' un contrat de Lonika, avec l' idée de se faire payer en or, mais surtout en gemmes, gemmes qui servirait à satisfaire les Ethériens.

Au bout d' un moment, Lonika fit son apparition. Elle remarqua Aënendhil & se dirigea vers lui. Il l' invita à s' asseoir, ce que fit Lonika avec son propre verre.
"Alors? Tu serais intéressé par un boulot? Ne me dis pas que tu m' as fait venir à ta table pour me dire que tu refuses encore...
-Si tu as quelque chose, je suis preneur... Sous certaines conditions, évidement.
-A la bonne heure! J' ai quelque chose qui t'ira très bien... Il y a cette forteresse en Nagrand. Kil Sor..." Le Voleur coupa calmement Lonika qui s' emballait déjà: "Attends. Je veux qu' on discute du prix. En fonction de ce que je demande, tu m' attribueras ce tu veux."
Lonika regarda Aënendhil avec surprise.
"Tu imposes tes tarifs maintenant? Quel espèce de coupe-jarret tu crois être pour discuter des conditions?
-Tu as besoin de moi, & j' ai besoin d' être payé de manière assez spécifique. Rien de d' insurmontable pour toi, rassures-toi...
-Dis toujours...
-Je veux le tarif habituel en or, avec un supplément de gemmes. Les meilleurs gemmes que tu auras sous la main: Etoile d' Elune, Topaze Noble, Rubis Vivant, Talasite... Pour ce prix, je t' exécute qui tu veux ce soir même.
-Je... Je vais voir ça. Mais qu'est-ce qui se passe? Tu as des dettes?
-Comme toi, j'ai du mal à assurer mes affaires dès que je dois déléguer."
Lonika prit une gorgée d' hydromel. Elle semblait réfléchir.
"Tes anciens maîtres, à Ravenholdt, te portent une grande estime, tu sais. Il ne tarissent pas d' anecdotes élogieuses à ton égard.
-Je suis sûr que ton serum aide à délier les langues, surtout celles de ces naïfs d' Altérac.
-C'est vrai que tu as pratiquement vidé des forteresses de tout leurs effectifs? C'est ce qu' ils disent.
-C'est très exagéré. Le Syndicat tient Strahnbrande & Fort-de-Durn. Disons que je m' y suis fait la main.
-Ces lieux sont hantés d' après les émissaires de Ravenholdt. Hantés depuis ton passage là-bas. Ca a un rapport avec ton surnom?
-A l' époque où j'ai commencé à vadrouiller pour le SI:7, j'ai mis au point un petit rituel en guise de signature, dans les Carmines. J'ai approfondi la chose & je l'ai pérennisé. Les hommes du Syndicats sont suffisamment impressionnables pour avoir cru que j' était réellement un spectre. De là, la Ligue m' a affublé de ce sobriquet."
Aënendhil laissa echapper un soupir & prit une gorgée.
"Mon Sabre-de-Givre s' appelle Fantôme aussi. A cause de son pelage blanc qui luit comme un spectre. Pourquoi ces questions?
-Je crois que je vais accepter tes conditions, Aënendhil. J'ai quelque chose où tu pourras donner toute la mesure de ton savoir-faire pour vider des forteresses & laisser naitre une légende durable de fantôme qui hante les lieux... C'est exactement ça qu' il me faut...
-Raconte...
-Les Tranchantes, tu connais?"[left]

REtour en force avec ton style propre à toi très agréable à lire

Ravi que ça te plaise

Le Fantôme 2e Partie

Bastion de Flèchelame, Les Tranchantes,

On a tort de sous-estimer un adversaire. Même dans le cas des Ogres. Chamans, Guerriers, Demonistes, Mages, Belluaires... Les Ogres ont quoiqu' on en dise un panel très varié de possibilités. Les Ogres restent néanmoins des brutes, souvent écervelées, mais leur capacité à développer autant de talents au sein d' un même clan en dit long sur leurs facultés d' adaptation, leurs capacités à se protéger & à vivre au sein d' une communauté organisée où tous les individus ont une place. Tant mieux. Venir à bout d' un tel système à l' usure n' en est que plus gratifiant pour quelqu' un qui n' a pour objectif que d' éliminer méthodiquement les individus d' un tel groupe.

Du haut de la Corniche, Aënendhil & Lonika observaient en contre-bas le Bastion de Flèchelame, repère aride & poussiéreux d' un clan puissant d' Ogres.
"Ca ne va pas être facile. Normalement, on envoie des contingents pour ce type de menace, pas un individu seul, quelque soit son talent.
-Le nombre n' est jamais un problème. Leur puissance non plus...
-Quelque chose te gêne néanmoins. Je le sens."
Aënendhil réfléchissait. Oui, quelque chose le gênait. Quelque chose à laquelle il n' avait pas été confronté lorsqu' il avait fallu décimé les rangs du Syndicat ou des Rochenoires des Carmines.
"Le problème, ça va être la logistique, si je puis dire..."
Lonika n' avait pas l' air de comprendre. Le Voleur soupira puis dit:" Je t'avais dit trois ou quatre jours, il va m' en falloir au moins deux de plus... C'est envisageable pour toi?
-Pas de problème. La tête de Mugdorg est mise à prix depuis des mois, alors un ou deux jours de plus... Enfin, LES têtes, devrais-je dire..."
-Ca sera fait. Tu auras ces têtes à disposition dans moins d' une semaine.
-Comment tu comptes t' y prendre?
-Secret de fabrication. Tout ce que tu peux savoir, c'est que je vais commencer par tailler dans le vif de ceux qui ont une aptitude particulière pour détecter la furtivité: les Belluaires & les Demonistes. Ensuite, j' aurai tout loisir de m' y prendre comme bon me semble."

Lonika laissa Aënendhil seul face à sa tâche. Avant de se jeter dans le vif du sujet, le Voleur continua d' arpenter les contreforts du Bastion afin de desceller tout ce qui pourrait l' aider face à son problème.
Son problème, c' était que les Ogres sont des créatures massives, immenses & parfois lourdement armurées. Ils pèsent un poids tel que même un Tauren aurait peine à déplacer un corps d' Ogre inerte. Or, c'était là une donnée essentielle de son plan d' action: tuer silencieusement, puis déplacer les corps là où ils ne seraient pas retrouvés. Petit-à-petit, en voyant leurs rangs se clairsemer, une sorte de tension sourde aller s' installer chez les Ogres.
Des individus disparaissent sans laisser de traces, sans raison apparente & sans qu' on sâche quand exactement. C'est l' heure de la mobilisation & des questions. Puis viendrait le moment où le Voleur se montrerait, parfois, à un individu ou deux, laissant entrevoir cette silhouette insaisissable, pâle & silencieuse. Il déplacerait des objets, tuerait depuis les ombres, laisserait traîner quelques cadavres méthodiquement mutilés à la vue de tous pour créer un nouveau palier d' intensité: montrer à ceux qui restent ce qu' il advient de ceux qui disparaissent. C'est l' heure de l' attente. A ce stade, tous réagissent de manière semblable: ils organisent des tours de garde, se montrent attentifs à tout, ne laissent rien au hasard; ils sont prêts... & rien ne se passe. Le Voleur laisse la fatigue & la frustration de ne rien voir arriver s' installer. Lorsqu' ils baissent la garde, par lassitude ou croyant que la menace est passée, c'est l' heure de la boucherie; l' heure où l' on en finit pour de bon, face à des adversaires usés, frustrés, ignorants de ce qui arrive vraiment, abattants toutes leurs cartes & dévoilant tout le panel de ce qu' ils savent faire pour se défendre.
Dans cette mécanique huilée, rodée & qui a fait ses preuves, il y a un souci logistique: pour faire disparaître les corps, il faut les porter, à défaut, il faut les traîner & effacer les traces. Or, un Ogre pèse lourd, très lourd. Si lourd que le Voleur n' arriverait jamais à procéder comme il le voulait.
"Si seulement j' avais la possibilité d' occulter leurs corps à la vue des autres, comme je le fais pour moi, je n'aurai pas à traîner ces balourds..."

En marchant le long de la corniche d' où il pensait à son plan, Aënendhil toucha la première lettre qu' il avait reçu d' Azeroth, au fond de sa poche. Son expéditeur lui rappela les Antihéros.
Par association d' idée, Aënendhil se souvint de Griphus qui avait gagné de nombreux gallons au services de la Garde-Ciel Sha'tari, dans cette région d' Outeterre, justement. Il se souvint aussi que Griphus aimait parfois moquer les inventions Gnomes de la région.
"J' espère que les Gnomes sauront fabriquer ce qu' il me faut... Ils sont ma seule chance."[left]

Le Fantôme 3e Partie

Poste de Toshley, Les Tranchantes,

"Mais vous avez eu cent... non, mille... heu, non, dix millions de fois raison de venir nous voir!"
Toshley exultait, trop heureux qu' on viennent le voir pour mettre à l' épreuve la fiabilité de la technologie Gnome.
"J' espère que vous avez bien compris ma requête, maître Gnome. Il ne me faut pas un ou deux bidules qui marchent peut-être, mais une trentaine qui marchent à merveille avec une autonomie de près d' une semaine... C'est bien plus que les... bizarreries que vous confectionnez habituellement, je pense.
-Ho le rufian! Bien-sûr qu' on sait faire! On est justement en train de mettre au point un système d' élargissement d' autonomie avec des cristaux qu' on trouve dans le coin. C'est un système qui canalise les flux arcaniques se déplaçant autours des cristaux & qui stockent ce potentiel pour le générer en ondes stables lorsque les flux passent en phase descendante. Ca stabilise le rendu énergétique en optimisant la consommation! C'est tout bonnement incroyable ce qu' on peut faire avec trois fois rien de cristaux apogides!
-D' accord, d' accord. Votre truc est fiable?"
Aënendhil ne comprenait pas grand chose de ce que lui avait expliqué le gnome, mais celui-ci avait l' air d' être sûr de son fait. Mieux, il avait l' air fier.
"Pour sûr, grande gigue! Nos systèmes de défense sont entièrement alimentées avec ce système aracano-cristallin. Et nous n' avons aucune perte à déplorer, même à deux pas de la Porte de la Mort!"
Le Gnome allait & venait dans un bruit de ferraille articulée & alimentée en énergie. Il remplissait des papiers, signait des documents, vaquait à ses occupations tout en discutant avec l' Elfe impassible. Une activité fébrile régnait au Poste de Toshley.
"Vous pouvez me fabriquer la quantité que je demande?
-Oui mais ça va vous coûter cher." Le Gnome montra son plus beau sourire à Aënendhil.
"Vous voyez, le système d' occultation gnome est un brevet depuis longtemps éprouvé. Nous ne vous ferons même pas signer de décharge pour son utilisation tant nous somme sûrs de sa fiabilité. L' agrémenter d' une autonomie supplémentaire avec un autre système lui aussi fiable- par la barbiche de Mekkanivelle, où est passée l' inventaire de zirconium? TALLY VIENS ICI!- ne nous pose pas de problème outre mesure, sinon qu' il va grandement diminuer nos ressources. Vous serez mis à contribution, mon grand. C'est tout.
-Ca me va."
Un Gnome gainé d' une armure étrange, à la houppette violette & arborant une lunette monocle d' ingénieur déboula en courant dans le bureau de Toshley.
" Quoi? Toshley, cesse de me déranger quand je procède à un contrôle qualité du Capacitorium, s' il te plaît...
-Et toi, cesse de t' accorder plus d' importance que tu n'en as. Où est l' inventaire en cristaux divers. Nous avons une commande à honorer pour l' Elfe que voici."
Tally salua Aënendhil: " 'chanté m'sieur. Tally Rossecoquin, le seul, l' unique!"
Le voleur rendit son salut à Tally.
"Je ne sais pas, demande au frangin, c'est lui qui gère la documentation, non?
-Je croyais t' avoir dit de t' en occuper pendant que ton frère supervise les techniciens!
-Balivernes! Je suis pas intendant, moi! Je suis contrôleur-qualité!
-Inepties, tu es en charge de la répartition depuis la dernière réunion, tu te souviens?
-Je n' ai pas eu la circulaire stipulant la mise-en-place de la nouvelle organisation &...
-Arrête ça! Il n' y a pas, il n' y aura jamais de circulaire pour des gens qui travaillent à quelques mètre les uns des autres dans un camps minuscule retranché au bout du monde!
Retrouve-moi ce papier, Tally!"
-Tss, on sacrifie l' organisationel pour le rendement..."
Tally s' en alla chercher les documents, dépité.
"Désolé, pour ce contre-temps, Voleur. Dès que je saurai combien de cristaux de zirconium nous avons, vous saurez combien on peut vous faire de S.O.G.A.A...
-S.O.G.A.A?
-Système d' Occultation Gnome Arcano-Amélioré. N' allez pas répéter ça. Le nom n'est pas encore déposé..."
Le Gnome afficha un beau sourire. " Si nous parlions financement de votre petite opération..."

Toshley avait mobilisé pratiquement tous ses techniciens pour la réalisation d' une trentaine de S.O.G.A.A. En échange, Aënendhil avait réalisé les tours de garde dans le coin pendant que les Gnomes travaillaient à son projet. En fin d' après-midi, les Gnomes avaient fini la commande, que le Voleur paya à Toshley. Il dîna en compagnie des Gomes avant de repartir pour le Bastion, vers son contrat.
"N' oubliez pas de dire qui vous a aidé, hein!
-Je n' y manquerai pas, Gnome. Merci encore."

De retour au Bastion en début de soirée, le Voleur fit ses préparatifs: les poisons par ordre d' utilisation dans sa sacoche, ainsi que sur ses armes, son masque sur le visage & les S.O.G.A.A à portée de main. Il sera les dents & regarda quelques secondes une des lunes qu' on apercevait ce soir.
Il se vida l' esprit pour ne laisser place qu' à une chose: la préméditation. Il se figura en une seconde le déroulement de son rituel, de son plan, puis disparu à la faveur des ombres...

Le Voleur descendit prestement le ravin vers les premiers bâtiments. Il fit le tour & compta combien d' Ogres étaient là. Trois, cinq, dix, vingt... Demonistes, Chamans, Belluaires avec leurs immenses loups de guerre... Il repéra les lieux, chaque détail qui pourrait compter dans un avenir proche. Il examina les lieux de vie, les postes de garde, les endroits où étaient stockés les vivres...

"Maintenant, en scène..."

Aënendhil alla jusqu' à une hutte déserte mais pas abandonnée. Un feu frémissait sous un chaudron où cuisait un ragoût de... peu importe. Le Voleur sortit des ombres, plongea sa main dans sa sacoche pour en sortir une fiole enroulée dans un linge épais: un poison à base de gangrelette, cadeau des Ethériens. Un poison à effet lent, qui affecte le système nerveux en perturbant les phases de sommeil & d' éveils, qui fatigue le vue & à terme & à haute dose peut engendrer des troubles mentaux & des hallucinations.
Le Voleur retourna dans les ombres & entreprit de commencer à semer la mort. Vers l' entrée du Bastion, un Belluaire trônait là, oublieux, aux côtés de son loup. Aënendhil assomma l' Ogre puis s' approcha du loup. La bestiole ne vit pas venir le coup de hache qui le stupéfia. Aënendhil débita froidement la gorge du loup pour l' empêcher de hurler, puis perça ses flancs à l'aide de son épée. La bête achevée il alla s' occuper du maître, groggy. Il égorgea l' Ogre, toujours dans le but de le rendre muet, puis lacéra violemment les points de saignement intenses, désarma le monstre & finit par enfoncer sa hache à plusieurs reprise dans le crâne du Belluaire qui s' écroula dans un bruit sourd sur la terre battue. Aënendhil attrapa le loup & le fit glisser jusqu'à son maître, sur lequel il posa un système d' occultation. Le corps disparu, le Voleur effaça les rares traces de combat & disparut.

Dans la nuit, une ombre se faufilait de bâtiments en huttes, de postes de guet en salles de stockage. Un Chasseur, son loup, ainsi qu' un, puis deux Demonistes disparurent. Un Guerrier qui était là un seconde était assailli la seconde d' après, mort la seconde suivante & finalement s' était évaporé. Au petit matin, dix Ogres étaient manquants... Dans la tête de l' Ogre qui, en premier remarqua l' absence d' un allié, un doute se fit jour. Un doute qu' il décida d' ignorer d' abord, en allant manger un bon ragoût...[left]

Le Fantôme 4e Partie

Sylvanaar, Les Tranchantes,

Aënendhil se réveilla en milieu de matinée. Il n' avait que peu dormi & ne pouvait pas se permettre de s' absenter trop longtemps du Bastion. En arrivant à l' aube à Sylvanaar, le Voleur avait tout fait pour cacher ses précédentes activités aux Sentinelles. Il ne tenait pas à ce que quiconque sache ce qu' il faisait dans la région, surtout pas Kialon Lamenuit. Après avoir sacrifié aux politesses d' usage & avalé un léger repas, il retourna à Flèchelame, discrètement.

Après ses préparatifs, le Voleur entreprit de refaire un tour dans le Bastion pour évaluer la situation & surtout voir si aucun des corps qu' il avait dissimulé n' avait été découvert.
A Priori, rien n' indiquait que les Ogres aient découvert quoi que ce soit. En continuant son tour, Aënendhil retourna là où les Ogres continuaient de faire cuire leur insupportable tambouille. Un Ogre désigné à la tâche veillait sur le feu & touillait négligemment le bouillon de culture à l' aide d' une énorme spatule. Aënendhil décida d' épargner celui-ci, préférant empoisonner l' horrible ragoût à son insu, de telle sorte que si l' empoisonnement était découvert, tous se feraient justice en pendant le misérable cuisinier. Le Voleur espérait d' ailleurs que les Ogres en viendraient à s' accuser mutuellement assez vite.
Aënendhil jeta donc un pétard de distraction vers le seuil de la hutte qui fit sursauter le cuisinier & ce dernier se précipita dehors voir d' où venait le bruit. En une seconde, le Voleur immergea une nouvelle dose de poison dans le menu des Ogres puis sortit de la hutte au moment où le cuisinier revenait sans avoir découvert l' origine du bruit sourd...

Une après-midi passa sans que les Ogres ne devinent qu' un autre Belluaire & son loup venait de disparaître, puis un autre Demoniste. Puis ce fût le tour d' un Géomancien de s' évanouir au détour d' une volée de marches... Un à un, les Ogres disparaissaient. Un à un, ils échappaient à la vue les uns des autres. Le soleil était déjà bien bas lorsqu' un Ogre se figura que ce camp était inhabituellement vide...

A la fin de la journée, le Voleur repartit pour s' accorder un temps de repos avant la longue nuit qui s' annonçait. Ils voulait aussi laisser aux Ogres le soin de se demander ce qui se passait lorsqu' ils verraient que près de douze de plus manquaient à l' appel.
Aënendhil escalada les contreforts escarpés du Bastion pour rejoindre la route & opta pour s' abriter à la Sylve Ruaan, le point de chute de l' Expédition Cénarienne dans la région.
Il demanda l' hospitalité aux Druides qui lui accordèrent le droit de séjourner là. Dans la petite auberge, Aënendhil grignotait quelques fruits en faisant le compte de ce qui restait à faire & des moyens encore à sa disposition.
"Moins d' une dizaine de S.O.G.A.A qui me reste... Les poisons, j' ai ce qu' il faut... Il va falloir jouer serrer ce soir..."
Après un court repos, le Voleur repartit, à la faveur de la nuit...

Quand il revint à Flèchelame, une sombre agitation remuait tout le camp. Aënendhil avait craint dans un premier temps que le subterfuge des S.O.G.A.A n' ait été découvert & que son petit jeu allait cesser, mais non, tout était encore bien en place de ce côté là.
Les Ogres avaient largement eu le temps de constater que leurs effectifs allaient en s' amenuisant de manière mystérieuse & avaient commencer à prendre des décisions. Des petits groupes d' éclaireurs étaient partis chercher leurs alliés portés manquants & revenaient bredouilles lorsque le Voleur arrivait lui-même au Bastion. D'autres, restés là, s' étaient réunis pour tenter de comprendre ce mystère, autours d' un copieux repas. Aënendhil ne put s' empêcher de sourire à l' idée de ces Ogres augmentant les doses de poisons dans leur métabolisme. Bientôt, les sautes d' humeurs, qui promettaient d' être brutales chez les Ogres, puis le déferlement d' idées saugrenues, la paranoïa, la peur & la colère deviendraient les seules conseillères des Flèchelames... C'est maintenant que le Voleur allait passer à la suite de son rituel de mise à mort collective. D' abord en supprimant les esprits les plus froids & les plus rationnels ou les meneurs ayant une plus haute forme d' autorité: les Mages, Devins, Champions ou Chamans. Ensuite, en se montrant à ceux qui étaient manifestement le plus réceptifs aux histoires de malédictions. Il y en a toujours un ou deux, influençables & qui colportent volontiers les rumeurs chez les autres.
Bien-sûr, le Voleur allait devoir, en parallèle, faire en sorte d' appuyer ces rumeurs en laissant traîner ça & là quelques cadavres savamment exposés & mis en scène. Il n' excluait pas non plus de faire perdre leurs repères aux Ogres en déplaçant nombres d' objets utiles ou en sabotant des installations phares...

Aënendhil s' approcha du bâtiment principale de Flèchelame. A l' intérieur, Mugdorg, sa cible finale, hurlait ses ordres à ses lieutenants. Le Voleur ne comprenait pas un traître mot de leur langue mais décida de rester au seuil de l' entrée, pour écouter... Après quelques minutes d' un monologue hurlé par Mugdorg, quelques Ogres sortirent & descendirent la volée de marches qui menait au reste du camp. De sous les escaliers de pierres, le Voleur put voir ces lieutenants.
"Vous, vous êtes les prochains..."
Au milieu de la cour intérieure, ils se séparèrent. Le Voleur choisit de suivre celui qui lui semblait le plus lourdement armé & qui se dirigeait vers un poste de guet en contrebas.
Arrivé au pied du poste, l' Ogre meugla un ordre à une sentinelle postée en haut de son échafaudage de bois. La sentinelle répondit en agitant la main. Comme le Champion Flèchelame commençait son ascension, le Voleur l' assaillit par derrière, ne lui laissant aucune chance & dans un déferlement de lames silencieuses, assomma, saigna, éventra la créature. L' Ogre hurla sous le coup de la douleur, ne manquant pas d' alerter le sentinelle sur son poste. Aënendhil lança son assaut final sur le Champion en plantant son épée dans la main de l' Ogre pour l' empêcher de lever sa masse & dans le même temps, frappa de sa hache le crâne qui éclata sous le coup. Le Voleur n' attendit pas que le Champion lance son dernier râle pour lui apposer un S.O.G.A.A & disparaître sous les yeux de la sentinelle qui accourait lourdement du haut de sa tour. Lorsqu' Aënendhil réapparu, il était juché sur le poste de guet & lança un rire noire, moqueur vers la sentinelle. A peine avait-il levé les yeux pour voir d' où venait ce rire que l' Elfe s' était camouflé dans les ombres. Le balourd hurla à l' aide en remontant les marches du poste de guet, mais en haut, il n' y avait déjà plus rien.
Vêtu d' ombres, Aënendhil avait sauté du haut du poste, atterri silencieusement & commencé à effacer les quelques traces de luttes d' avec le Champion Ogre. Lorsque les renforts arrivaient, le Voleur était déjà reparti vers sa cible suivante...

Dans une petite bâtisse de pierre, trois Ogres dissertaient probablement des ordres de Mugdorg. Au murs, de lourdes chaînes agrémentées de crochets énormes servaient de décorations à une pièce circulaire au centre de laquelle, sur un tapis rustique & poussiéreux, trônaient des braseros à encens desquels s' échappaient une incommodante fumée au parfum capiteux. L' Elfe crut deviner se trouver dans l' antre d' un Devin ou d' un Chaman.
Le Voleur s' approcha des Ogres qui discutaient bruyamment dans leur langue guturale & dissonante. Ils suaient, beuglaient & s' invectivaient. Les premiers effets du poison ingéré.
Aënendhil choisit d' en supprimer deux & d' en laisser un en vie, qui puisse servir de témoin.
Il s' approcha d' un Ogre encapuchonné & assomma ses deux têtes. Il sortit alors des ombres pour suriner violemment un deuxième, stupéfait, & aveugla le troisième d' une poudre de cécité. Il fit s' abattre un déluge de lames sur sa victime surprise qui tenta de riposter par une incantation vociférée que le Voleur interrompit d' un violent coup de pied... bien placé. L' Ogre muet, lacéré, tituba sous le reste des coups qui pleuvaient & imbibaient son corps de poison, se surajoutant au premier ingéré. Le Voleur assena un dernier coup d' épée sur la gorge du Géomancien & n' attendit pas que celui-ci s' effondre pour se retourner contre le Chaman, qui criait son impuissance dans sa cécité.
Le Voleur commença par désarmer le Chaman, lui perça la gorge de part en part pour détruire ses cordes vocales & entreprit d' appliquer ses poisons dans une pluie de coups de haches. le Chaman fit son possible pour se défendre en martelant l' Elfe de coups de poings, d' abord puissants puis de plus en plus faibles & lents, au point qu' Aënendhil n' avait plus besoin de les éviter. S' écroulant dans une marre de son propre sang, le Chaman se tenait la gorge tentant avec l' énergie du désespoir de stopper l' inévitable flot de sang.
Le Voleur se pencha vers sa première cible pour vérifier s' il était encore bien groggy, puis il se tourna vers ses deux adversaires à l' agonie.
"Il va en falloir plus pour impressionner celui qui reste..."
Le Voleur rangea ses lames & alla décrocher les lourdes chaînes qui pendaient aux murs.
Il les fit glisser sur les poutres qui soutenaient le toit & les amena à hauteurs des deux cadavres encore chauds. Il planta les crochets dans la chair des Ogres, enroula le reste de chaînes autours des membres des Ogres morts, ainsi qu' autours de la taille de celui qu'il avait assommé. Il fit le tour de la pièce pour éteindre les torches & supprimer toute lumière, ne laissant que les cendres des braseros.
Après un court instant, l' Ogre épargné se réveilla dans la pénombre de la pièce où seules les braises dessinaient leurs spectres sur les murs & le sol. Aënendhil sortit des ombres & le regarda fixement du bout de la pièce où il se tenait. Ses yeux luisants émergèrent des ténèbres à la vue de l' Ogre & il se mit à rire. L' Ogre se leva & se dirigea vers Aënendhil, à peine retenu par les chaînes, ce qui eut pour effet de hisser ses deux comparses morts en lévitation au centre de la pièce. L' Ogre entonna une psalmodie maudite qui annonçait un trait de feu ou d' ombre. Le voleur disparut, courut de l' autre côté de la pièce & réapparu dans un rire. L' Ogre hurla & se précipita sur l' Elfe. Le monstre repassa au centre de la pièce, ce qui fit redescendre instantanément les deux cadavres toujours hissés aux poutres de la salle. Les cadavres tombèrent sur l' Ogre, qui glissa dans la marre de sang à ses pieds. Il se releva sans prêter attention aux cadavres qu' il charriait pour de nouveau se ruer sur l' apparition, mais déjà, celle-ci s' était encore évanoui...
Lorsque des Ogres alertés par les cris du Demoniste entrèrent dans la salle obscurcies, ils rallumèrent les torches pour découvrir ce spectacle odieux de l' un des leurs hurlant comme un dément, baigné de sang & de viscères & attaché par la taille à une chaîne à l' autre bout de laquelle pendait les corps sans vie de deux autres, atrocement mutilés...


Une nuit de chaos & de folie s' abattait sur les Ogres, dépassés, hurlants, cherchant l' assaillant. Une nuit longue, ponctuée de cris, d' apparitions moqueuses, de silhouettes spectrales qui venaient contempler la scène indicible d' un clan en déroute, ou la déraison l' emportait, où l' horreur gagnait chaque esprit si mince soit-il. Au plus profond de lui même, l' Ogre se figura sa propre mort. Maudits, nous sommes maudits...

Le Fantôme 5e Partie

Sylvanaar, Les Tranchantes,

"Tu as une mine horrible; tu devrais te reposer un peu, tu sais..."
Shaunessy, l' aimable aubergiste qui hébergeait Aënendhil ne pouvait s' empêcher de voir à quel point le Voleur avait les traits tirés de fatigue, sans compter les traces de contusions ou la poussière sur ses vêtements.
"C' est très aimable à toi. Je vais y songer, j' en ai bien besoin, c'est vrai..."
Aënendhil avalait une légère collation après une courte sieste matinale. Après avoir laissé Flèchelame dans un état de chaos & de confusion agravée, il avait fignolé son oeuvre en faisant disparaître des armes, des vivres qu' il ne pouvait pas empoisonner & saboté des bâtiments, notamment des tours de guets ou des poutres de toiture, pour lesquelles il se réservait la possibilité d' achever le travail lors du point d' orgue de son rituel.
Dans l' immédiat, il fallait laisser les Ogres à leur confusion & laisser monter la tension. Attendre que le poison ingéré fasse son oeuvre sur les esprits malades & limités des Flèchelame.
Attendre que les Ogres finissent de recueillir tous les témoignages de ceux qui ont cru voir quelque chose & en déduisent que, peut-être, un spectre violent & puissant les attaquait.
Attendre, mais pas pour autant perdre son temps.
Là, à Sylvanaar, se trouvait un problème majeur que le Voleur se devait de régler avant de se pencher plus avant sur son contrat: Kialon Lamenuit.
Aënendhil & Kialon étaient désormais des rivaux, alors même qu' à son arrivée en Outreterre, Aënendhil avait cru voir en Kalion un mentor, un Maître auprès de qui apprendre. En moins d' un mois, quelque chose s' était détérioré entre eux, irrémédiablement.
Ce qu' Aënendhil avait d' abord pris pour du mépris envers lui, encore jeune & sans beaucoup d' expérience n' était en fait qu' une forme de jalousie étrange dont Aënendhil ne comprenait pas l' origine & avait décidé d' ignorer la chose, purement & simplement.
Avant que le Voleur ne continue, il devait s' assurer que Kialon n' irait pas lui mettre des bâtons dans les roues en sabotant son rituel enténébré.
Comme tous les Elfes de la Nuit, & plus encore les Voleurs, Kialon avait des moeurs résolument nocturnes & en cette fin de matinée, il devait probablement encore dormir.
Le Voleur en profita donc pour réparer un peu son équipement, visiter les habitants de ce coin paumé d' un monde éclaté & finit par ouvrir le premier courrier qu' il avait reçu à l' auberge des Clairvoyants.
A l' intérieur, deux courriers signés de deux personnes différentes. Le premier est une lettre-réponse d' un certain Sergent Martèlemont, de l' Avant-Garde de l' Alliance, stationné dans la Toundra Boréenne & qui répond à son ami qu' il veut bien accueillir quiconque saura tenir une épée & qui aura une petite expérience de la guerre. Même un repris de justice.
L'autre était directement adressé à Aënendhil, & signé par le Lieutenant-Colonel Bengus Fortehache, accessoirement membre des Antihéros. Il avait trouvé un bon moyen pour Aënendhil de faire peau neuve auprès des autorités de Hurlevent en allant servir dans la guerre qui faisait rage en Norfendre. Il avait "insisté" auprès du Sergent-Recruteur Blythe & de l' officier Martèlemont pour engager l' Elfe dans leurs rangs, qui manquaient cruellement de recrues expérimentées dans le maniement des armes. Bengus assurait qu' une fois que l' Elfe aurait fait preuve de ses aptitudes au combat sur le front, Hurlevent pourrait revenir sur sa décision de le classer comme criminel. Le vieux Nain ayant laissé un souvenir impérissable aux troupes du Norfendre lors du débarquement, les officiers de la Toundra ne pouvait plus rien lui refuser, d' où le second courrier de Martèlemont qui ferait office de lettre de recommandation. Bengus insistait aussi, avec son habituel langage métaphorique, pour que le Voleur ne se comporte pas "comme une lavette" ou un "herbivore à deux pattes" sur le champs de bataille. Il fallait lui faire honneur...
"Ma porte de sortie est toute trouvée, alors..."

Vers la fin de l' après-midi, Aënendhil se dirigea vers le pavillon qu' occupait Kialon. Au centre de la petite pièce centrale de l' habitation, le Voleur vit une table ronde cernée de deux tabourets & sur laquelle étaient disposés deux verres remplis. Au fond de la pièce éclairée par une lampe à feu follet, une banquette sobre en bois, bien qu' ornée de gravures & d'une garniture en tisse-néant, servait de trône au Maître Kialon Lamenuit, un Kal'Doreï de constitution exceptionnelle, gainé d' une armure de cuir sombre, à la longue chevelure argentée & armé de deux dagues de facture rare. Il attendait manifestement son visiteur.
"Salutations, Lamenuit."
Kialon répondit silencieusement en invitant Aënendhil à prendre un des deux verres sur la table.
On ne boit jamais dans un verre dont on a pas vu le flacon qui a servit à le remplir. Quand bien même c'est le cas, c' est le verre qui peut être empoisonné."
Aënendhil fit mine d' accepter & s' assit sur l' un des tabourets.
"Qu' est-ce qui t' amènes, Blanchelame?
-Visite de courtoisie. Je ne pouvais pas passer ici & t' ignorer, n'est-ce pas?
-Je ne t' en aurais pas voulu, j' imagine que tu es bien occupé.
-Pas tellement. En fait je fais le tour des gens que j' ai connu pour les saluer avant mon départ définitif."
Ne jamais donner un aperçu, aussi mince soit-il, de son emploi du temps. Lorsqu' un Voleur sait ce que vous faites, il sait déjà où & quand vous tuer."
Kialon feignit la déception:" Ho, tu comptes nous quitter? C'est une nouvelle qui m' attriste quand même, Fantôme. Est-ce indiscret de te demander vers où tu comptes te diriger?"
Aënendhil prit l' air grave:" Vers le Norfendre, au front contre le Fléau."
Pour égarer l' ennemi, on le dirige là où il ne peut pas vous suivre. En fait, là où il mourra de votre main ou d'une autre s' il vous suit.
Kialon sourit à l' idée d' un Voleur comme Aënendhil sur un champs de bataille.
"Je suis sûr que tu vas y faire des merveilles. Tu as déjà maintes fois prouvé que tu étais un membre loyal de l' Alliance & un Voleur a toute sa place sur une ligne de front..."
Ne jamais, JAMAIS, répondre à une provocation. Réagir à une provocation, c'est entrer dans un combat que l' on a pas prémédité ni prévu. C'est une erreur fatale.
Aënendhil ne put s' empêcher néanmoins de répondre avec un brin d' aigreur. Il prit son ton le plus détaché & lâcha dans un soupir amusé:" Oui, il faut bien que chacun face son devoir contre la plus grande menace que rencontrent nos peuples. Je pense même que c' est la seule mesure d' un combattant que d' aller là où on a le plus besoin de lui..."
Kialon se redressa calmement, quoique furieux de se faire traiter de lâche par Aënendhil.
Celui-ci, content de son petit effet, continua sur le ton de la fausse interrogation:" Je me demande d' ailleurs à quoi servent ces honneurs glanés pendant des siècles si ce n' est pas pour prouver à chaque instant qu' on en est digne."
Le plus froidement du monde, Kialon se leva & prit le verre qui restait. Il venait en quelque sorte de se faire mordre par le serpent qu' il avait lâché. Il décida de moquer le faux courage de ceux qui souhaitent devenir des héros par manque de reconnaissance parmi les leurs:
"Je te souhaite de réussir. Chacun devrait avoir une occasion de prouver sa valeur. Tu as joué de malchance jusqu' ici. Saisis ta chance, Aënendhil... C'est le moment où jamais..."
Aënendhil se moquait de la réputation quasi légendaire de Kialon, il décida d' en finir. Il se leva à son tour pour faire face au Maître des Voleurs d' Outreterre & le regarda dans les yeux.
" Je n' ai rien à gagner en Norfendre. Surtout pas les honneurs; je pars pour accomplir le devoir que j' ai envers mon peuple & mes amis. Aussi parce que je pense que les adversaires que je trouve ici ne sont plus à ma mesure. Puisses-tu un jour aussi ressentir ce besoin d' éprouver ta propre force, Kialon... Adieu." lui affirma-t-il. Il n' attendit pas une réponse & tourna le dos à son rival pour sortir.
La pire insulte qui puisse être faite à un Voleur, c' est d' insinuer qu' il a besoin d' aide pour vous tuer en lui tournant le dos.
Alors qu' il sortait du pavillon, Aënendhil entendit Kialon lui répondre, faché:" Tu crois que tu as surpassé tout ce que l' Outreterre a à offrir? Fou présomptueux!"
Aënendhil se retourna & fit de nouveau face à Kialon & porta l' estocade finale, le coup de grâce:" Jusqu' ici, rien ni personne ne m' a prouvé le contraire. Pas même toi, Kialon. Lorsque tu auras le courage de m' avouer ce qui te déplaît chez moi, j' aurais plaisir à te laisser ta chance d' en finir. D' ici là, je considère que rien ni personne ne surpasse mon art dans cette partie de l' univers. Je pars donc là où l' on dit les ennemis d' Azeroth réellement puissants..."
Il n' y a que deux manières de procéder: sois on avertit celui que l' on cible, sois on ne l' avertit pas qu' il ou elle est notre cible. Entre Voleurs, c'est plus compliqué: on est, par défaut, toujours considéré comme une cible. Avertir explicitement un autre Voleur qu' on le considère comme une cible, c'est sous-entendre qu' il n' est pas un Voleur.

Aënendhil laissa Kialon ruminer sa rancoeur. Bientôt, celui-ci sortirait de sa relative apathie pour venir le défier, ou au contraire, ne tenterait rien, pas même de s' intéresser au contrats en cours d' Aënendhil. Les règles d' interaction entre Voleurs sont ainsi faites qu' elles ne laissent que peu de place aux doutes. Néanmoins, Aënendhil restait méfiant. Ce qui motivait Kialon dans sa rancoeur lui échappait encore & il ne savait pas si ce motif obscure pouvait faire outrepasser ces règles tacites à Kialon. De toute façon, si Kialon voulait défier Aënendhil, il pouvait choisir de le faire où & quand il le désirait. Ce qu' avait tenté Aënendhil pour avoir la paix pour la fin de son rituel de combat, c' était un quitte ou double.
C'est pourquoi, il opta pour couvrir ses arrières...[left]

Le Fantôme 6e Partie

Le Bosquet Eternel, Les Tranchantes,

300 ans de rancoeur, d' amertume & de jalousie. Voilà l' histoire d' Aënendhil avec les Druides.
Mais depuis qu' Heimdhal lui avait ouvert les yeux sur ce qu' impliquait d' être un Voleur, Aënendhil avait largement balayé ce lourd passé d' un trait de dague. Au point que, désormais, il les traitait comme s' il était leur égal, sans aucun complexe. Après tout, les Voleurs & les Druides étaient les acteurs d' un monde que beaucoup ignoraient: les Ombres. La capacité de se fondre dans ce qui accompagne toute matière était l' apanage des seuls Voleurs & Druides; & cela, Aënendhil avait non seulement décidé de pas l' ignorer, mais aussi de l' utiliser.

Là, au Bosquet Eternel, le Voleur pouvait se prévaloir d' un bon accueil puisqu' il avait largement contribué à lutter contre le Culte du Ver après avoir fait parlé de lui dans les Marécages de Zangar. Pendant ses mois passés en Outreterre, il avait notamment sympathisé avec le Gardien des Arbres Chawn, un Tauren de l' Expédition Cénarienne.
Et c' est auprès de lui que le Voleur avait décidé de chercher assistance pour se prémunir d' un éventuelle volte-face de Kialon alors que le Voleur allait mettre un point d' orgue à son contrat. Jamais Kialon ne tenterait quoique ce soit contre un ami de l' Expédition Cénarienne sous les yeux d' un Druide.

"Je ne vois pas bien comment je pourrais t' aider, Kal' Doreï." Chawn semblait réellement navré. "Tu voudrais... un garde du corps?
-Non, seulement quelqu' un qui guette les alentours de Flèchelame... Il n' aura pas besoin de descendre dans le Bastion, juste traîner à ses abords pour empêcher un... rival d' interférer.
-Une sorte de logistique arrière?" Chawn souriait de sa plaisanterie. Lui & Aënendhil avait déjà souvent évoqué la toute personnelle notion de "logistique" chez le Voleur.
"-En quelque sorte, oui. Mon rival n' aura pas le courage de venir m' empêcher de finir ce que j' ai à faire à Flèchelame avec un Druide comme témoin.
-Mais de qui tiens-tu à te protéger? Qui pourrait t' empêcher d' honorer tes engagements contre les Ogres?"
Aënendhil baissa les yeux. Il ne tenait pas vraiment à mentir à un de ses trop rares amis.
"Un autre Voleur Kal' Doreï, mais qui lui est auréolé d' une légende qui précède chacun de ses pas..."
Chawn parut réfléchir... Il regarda intensément dans le Puits de Lune en face de lui.
"Tu fuis Kialon Lamenuit, n' est-ce pas? C'est un adversaire très dangereux...
-Je ne le fuis pas. Je ne veux pas lui offrir mon dos pendant que je suis occupé avec les Ogres, c'est tout..."
Chawn regarda autours de lui. Tous ses semblables étaient mobilisés sur le front du Culte du Ver. Dans un soupir, il consentit à accéder à la demande du Voleur:" D' accord, Aënendhil, je trouverai quelqu' un pour ça. Mais tu devras me faire confiance...
-C' est déjà le cas.
-Je ne peux pas te le présenter tout de suite, il est indisponible. Mais j' ai un Druide qui fera ça très bien.
-Je le connais?
-J' en doute fortement. Il ne vit pas ici. Il vagabonde un peu partout... Mais il nourrit une fascination étrange pour ceux de ta race. Il sera heureux de t' aider.
-Kialon aussi est un Kal' Doreï. Ca ne risque pas de poser problème?
-Non, je ne pense pas. Pas s' il faut seulement le dissuader d' agir contre toi en se montrant...
-Alors je te remercie. Je sais que je demande beaucoup.
-Accomplie ta tâche. Ne te préoccupes pas de savoir s' il est là ou pas, car il sera à son poste.
-Je ne peux pas le rencontrer?" Aënendhil s' inquiétait. Echapper à un être invisible pour le remplacer par un autre, inconnu, ne lui disait rien.
Chawn répondit par son sourire. "Fais-moi confiance..."

Pour la première fois depuis longtemps, Aënendhil n' avait pas toutes les cartes en main pour jouer comme il le voulait. Chawn lui avait assuré qu' il aurait son ange-gardien, mais sans savoir qui il était, ni quand & où il serait là. Cela lui déplaisait fortement de ne même pas savoir à quoi pouvait ressembler ce Druide qui allait, depuis les Ombres, guetter les alentours de toute la vallée de Flèchelame pour empêcher un être lui aussi invisible de s' immiscer dans le Bastion au plus mauvais moment.
Plus encore, il lui déplaisait qu' un oeil étranger ne se pose sur la partie la plus sordide de son plan. Aënendhil se retrouvait sous l' oeil d' un serviteur de la Nature, d' un élu de Cénarius au moment où il allait commettre meurtres sur meurtres. Il était un criminel & un traître aux yeux de Hurlevent, il ne voulait pas passer pour un boucher sans âme auprès des Druides, même s' il savait pertinemment que c' était ce qu' il était en train de devenir...
Dans son for intérieur, Aënendhil se moquait de n' être qu' un meurtrier sans âme ni remords, mais quelque chose le poussait à cacher cette nature intérieure aux yeux des rares gens qu' il fréquentait, & ce quelque chose lui intimait de tout faire pour cacher la nature violente & gratuite de son plan aux yeux du Druide qui serait aux premières loges pour contempler ce spectacle...

Le soir venu, Aënendhil fit le tour de son matériel, ses poisons & de la tâche qui lui restait à accomplir: en finir avec le Bastion & rapporter les têtes de Mugdorg à Lonika.
"Tout ça pour quelques cailloux qui feront plaisir aux requins du Consortium... On est bien peu de choses..."
Le Voleur se mit en route à la nuit tombée. Arrivé à Flèchelame, il ne put s' empêcher de guetter s' il voyait le Druide promit par Chawn mais ne trouva rien.
"Soit il est discret, soit il n' est pas là..."
Depuis les Ombres, Aënendhil contempla son oeuvre: un par-terre de cadavres plus ou moins recouverts de poussière accueillait quiconque pénétrait le Bastion. Des Demonistes, des Belluaires avec leurs loups, des Chamans... Une nuée pestilentielle de mort avec son cortège d' insectes baignait la vallée entière. Ca & là, quelques timides torches brûlaient leur combustibles en faisant mouvoir les ombres partout sur les murs des bâtiments de Flèchelame, dont certains s' étaient écroulé. Un silence lourd planait sur la nuit du Bastion, où pas un Ogre n' osait respirer trop fort, de peur de ne pas entendre arriver cet ennemi invisible qui semait des corps sans vie partout.
Les S.O.G.A.A avait manifestement lâché, révélant d' un coup l' atroce vérité aux Ogres laissés en vie: les disparus avaient bel & bien été tués, là presque sous leurs yeux.
Pendant tout le temps où Aënendhil avait laissé les Ogres mûrir la peur & la tension chez eux, les effets des poisons s' étaient fait sentir: un certain nombre de morts étaient récentes & pas du fait du Voleur. Les Ogres en étaient venus facilement aux mains entre eux & quelques uns avaient fait les frais de la paranoïa des autres.
Il était même fort possible que les Ogres aient découvert la nourriture empoisonnée & aient cessé de se nourrir, faute de vivres sains. Dans le cas contraire, les Ogres avaient continué à ingéré des doses de poisons à tel point qu' ils ne devaient même plus pouvoir manier leurs armes tant leurs système nerveux devait être atteint.
Le peu de ressources mentales qui restait chez les Ogres les avaient poussé à se ressembler dans le donjon du Bastion, siège du pouvoir de Mugdorg, à attendre l' assaut final de ce spectre sans rien voir venir... Impossible, sans y aller, de savoir combien s' étaient retranché là.

Le Voleur entreprit de rompre le silence pesant qui planait sur le Bastion. Il se dirigea vers les quelques bâtiments dont il avait saboté les charpentes pour les aider à s' écrouler. Quand une première tour de guet s' abattit à grands fracas au sol, une clameur de surprise s' éleva du donjon non loin de là. Les portes battantes s' ouvrirent & Aënendhil crut apercevoir, à sa grande déception, au moins une trentaine d' Ogres réunis dans la pièce centrale du Donjon. C' était trop, beaucoup trop pour lui seul. Les quelques Ogres qui avaient ouvert les portes battantes du donjon sous les ordres de leur chef s' avancèrent prudemment vers le bâtiment qui venait de s' écrouler. Les cinq Ogres inspectèrent les gravas de la tour de guet sans rien trouver, presque soulagés.
Pendant ce temps le Voleur avait contourné le groupe sorti inspecter son méfait pour aller chercher une pair de poutre prise dans les décombres d' un bâtiment écroulé non loin du donjon, bâtiment qui autrefois abritait un foyer de cuisson pour un ragoût puant. Rapidement, le Voleur rabattit les portes battantes du donjon, piégeant le reste des Ogres restés dedans & qui n' eurent pas le réflexe d' aller empêcher les lourdes portes se refermer. Le Voleur put discerner la voix tonitruante de leur chef s' élever au-dessus de la clameur.
Le Voleur plaça ensuite les poutres contre les portes pour empêcher les assiégés d' ouvrir.
Voyant les portes se rabattre mystérieusement, les Ogres sortis en éclaireur se ruèrent vers celles-ci. Deux jours sans se nourrir correctement avait considérablement amoindri leur performances: essoufflés, suants, encombrés par une armure devenue trop lourde & une arme difficile à manier, ils ne parvinrent pas à temps aux portes. Là en bas d' une petite volée de marches qui montaient vers les portes, les Ogres aperçurent le Voleur, planté devant eux & décidé à les tuer tous.
Aënendhil se jeta sur eux. Il assomma le premier & jeta une poudre de cécité sur un deuxième. Le Voleur surina un troisième & le rua de coup de hache empoisonnée. Un autre Ogres leva sa masse pour frapper le Voleur, qui esquiva & le coup, lourd, vint frapper son comparse déjà blessé. L' ogre ainsi blessé hurla en s' effondrant sous la douleur.
Aënendhil planta son épée dans la main de l' Ogre qui venait de frappait l' autre puis assena une série de coups de hâche sur le crâne de l' Ogre qui finit par exploser. Le cinquième eut néanmoins plus de chance & porta un coup violent dans l' épaule du Voleur qui se trouva projeté sur les deux premiers qu' il avait neutralisé. Lorsque son assaillant leva sa masse pour porter un coup écrasant, le Voleur disparu dans les Ombres, le coup allant cette fois encore de nouveau frapper un autre Ogre en pleine tête, l' étourdissant pour de bon. Le Voleur porta un coup depuis la nuit sur l' Ogre à la masse & l' égorgea de son épée suintante de poison. Il s' écroula dans un râle horrible en gargouillant son impuissance. Le Voleur fit face aux deux derniers restants pendant une seconde alors qu' ils fondaient sur lui &... passant à la vitesse de l' éclaire d' une ombre à une autre, le Voleur attaquait ces deux opposants qui ne pouvaient rien faire face à ce spectre, les coups pleuvant violemment depuis les ténèbres, leur sang giclant de toutes parts...
Quand s' en fût fini d' eux, le Voleur disparu de nouveau pour se poster vers les portes battantes, que les Ogres à l' intérieur avaient commencé à enfoncer.

Lorsque les Ogres finirent par enfoncer les fragiles poutres qui retenaient les portes battantes, il se ruèrent dehors pour s' arrêter net devant les cinq nouveaux cadavres. Près d' une dizaine étaient sortis lorsque Mugdorg apparu en hurlant à ses sbires de rester là où ils étaient & de ne pas bouger. Il inspecta les Ombres autours de lui à la recherche de son ennemi. Aënendhil n' attendit pas pour passer à travers les portes grandes ouvertes & s' engouffrer dans la pièce centrale du donjon qui servait de lieu de vie aux Ogres depuis deux jours. Lorsque Mugdorg se rendit compte qu' il ne trouverait rien, il ordonna à ses hommes de ne pas bouger & de se taire. Un silence fit place aux aboiements des Ogres inquiets. C'est ce moment qu' Aënendhil choisit pour apparaître dans toute sa pâleur sur le siège grossier qui servait de trône à Mugdorg & pour pousser un rire sinistre, montrant Mugdorg du doigt, faisant face pour la première fois à sa cible, entourée d' une bonne vingtaine d' alliés: " TOI! Je suis venu pour toi! Ta vie inique s' arrête ce soir!"
Aënendhil redisparu sous les yeux médusés des Ogres & de Mugdorg. L' une des têtes de Mugdorg hurla à ses hommes de rentrer dans le donjon & d' en cloîtrer les portes. L' autre tête s' adressa en commun à Aënendhil, le cherchant du regard dans la pièce:" Viens, petit être! Viens chercher ma vie! On t' attend!"

Ne jamais, JAMAIS, répondre à une provocation...

Les Ogres se massèrent à l' intérieur du donjon, scellèrent les portes battantes avec une traverse massive en bois, se piégeant dedans avec l' Elfe. Ils fouillaient maintenant partout la grande pièce centrale, soulevant les lourdes tentures aux murs, retournant chaque meuble, ouvrant chaque coffre. Une vingtaine d' Ogres passait au peigne fin la pièce sans trouver le Voleur, qui allait & venait dans les Ombres, scrutant ce ballet grossier & cherchant comment se débarrasser de cette clique encombrante. Le Voleur décida alors de recourir au même stratagème qu' à Strahnbrande, où il avait mis le feu aux bâtisses pour éparpiller les membres du Syndicats. Aënendhil passa alors près des braseros qui dispensaient lumière & chaleur pour les bousculer un à un près des tentures, & faire en sorte qu' ils dispensent désormais feu & fumée. De longues flammes vinrent lécher les hautes tentures qui prirent feu rapidement. Bientôt, une épaisse fumée commença à envahir la pièce. Les Ogres désemparés n' avaient pas prévu de garder d' eau, celle-ci étant devenu non potable. Certains voulurent ouvrir les portes mais Mugdorg hurla son refus. Il préférait visiblement voir ses hommes étouffer que de laisser filer son ennemi. Une mutinerie commença à éclater au milieu des flammes qui commençaient à ronger la structure en bois du donjon. Les deux champions Flèchelame qui campaient à côté de leur maître commencèrent à tailler indistinctement des Ogres mutins qui ne pensaient qu' à leur peau. Bientôt, ils ne purent contenir la foules des rebelles qui avaient ouvert les portes & fuyaient dehors, vers l' air libre quoique vicié de l' odeur de mort.
Aënendhil avait par habitude choisit de s' allonger au sol pour y respirer l' air frais en attendant que le feu fasse son effet.
Quand tous les mutins eurent quitté les lieux, il ne restait que Mugdorg & ses deux champions au milieu des flammes & de la fumée.
Aënendhil décida de porter le coup de grâce. Il s' approcha d' un des deux champions & l' assomma. Comme à son habitude, il saisit une poignée de poudre de cécité pour neutraliser le deuxième. Il la jeta au visage du champion Ogre qui cria en errant sans rien voir. A peine le Voleur s' était retourné pour faire face à Mugdorg que celui-ci hurla un mot qui mit le feu aux vêtement du Voleur, le saisissant de douleur. Il voulut fuir pour se mettre en sûreté dans les Ombres mais il ne put se camoufler. La deuxième tête incanta un trait d' Ombre qui vint percuter & brûler Aënendhil. Le Voleur concentra alors les ténèbres autours de lui pour évaporer le feu gangréné qui l' empêchait de disparaître. A peine le feu était surmonté qu' un terrible coup de hâche vint heurter Aënendhil aux flancs, ouvrant une blessure profonde. Le premier Ogre s' était réveillé & lui avait asséné de quoi le tuer. Sous le choc, Aënendhil s' agenouilla & l' Ogre porta un second coup au visage de l' Elfe avec le coin ferré du manche de sa hâche. Le corps meurtri de l' Elfe vola dans la pièce pour atterrir dans un meuble dévoré par les flammes. Il voulu se relever mais déjà Mugdorg avait incanté un trait d' Ombre qui vint le clouer au sol. Au seuil de la mort, paré de son masque de Guetteur de la Nuit, Aënendhil crut apercevoir une silhouette sombre dans les rares Ombres de la pièce, avec le visage narquois & moqueur de Kialon qui souriait à la vue de sa fin, proche.
Dans un ultime effort, le Voleur voulut se relever. Un champion Ogre lui donna un coup de pied au visage, puis sur sa blessure ouverte. Il leva sa hâche devant le Voleur, usé par les coups & la magie gangrénée.[left]

Le Fantôme, 7e Partie

Le Bosquet Eternel, Les Tranchantes,


Aënendhil ouvrit un oeil, puis l' autre. Pendant une seconde, il se cru à l' auberge d' Astranaar, avec ce plafond lambrissé qu' il contemplait depuis un lit douillet, un douce odeur d' encens embaumant la pièce.
Le toucher des draps en tisse-néant lui rappela qu' il était bel & bien en Outreterre.
Il sursauta, tout lui revenant en mémoire: le contrat, le Bastion, les Ogres, Kialon, Mugdorg...
Une vive douleur l' étreignit sur le côté. Il était couvert de bandages, assis dans un lit à côté duquel, sur une petite table, un nécessaire à premiers soins lui indiquait qu' il avait été pris en charge par un guérisseur.
Il soupira & reconnu l' intérieur de l' auberge des Druides.
"Tu te réveilles?" Un voix profonde émergea du fond de la pièce. Chawn se leva & se dirigea vers le lit.
"Que fais-je ici? Raconte-moi.
-Tu as failli y rester. Tu as bien fait de me demander une surveillance & j' ai bien fait de te l' accorder.
-Je vois... Les Ogres? Mugdorg? Kialon?
-Les Ogres sont morts, Mugdorg aussi. Quant à Kialon, il a préféré fuir. De toute façon, il n' était pas de taille...
-Pas de taille face à quoi? Le Druide que tu m' as envoyé?
-Oui. Il a achevé ton "oeuvre", fait fuir Kialon & t' as ramené ici, pour te faire soigner. Tu lui dois la vie..."
Aënendhil soupira. Il avait raté son coup. Son contrat & sa réputation semblaient à l' eau.
"Tout ça pour rien... Quel idiot je fais.
-Cesse de te rabaisser. Tu as mis fin à une menace sérieuse là-bas...
-Tu ne comprends pas, Chawn; j'ai été engagé pour un contrat particulier & j' ai échoué.
-Je ne vois pas pourquoi. Mugdorg est mort & ses acolytes sont en déroute ou morts.
-Il me faut ses têtes. Et personne n' aurait dû intervenir.
-Les têtes, tu peux aller les chercher. Le corps est à peine froid; quant à savoir si quelqu' un est intervenu, ça ne saura jamais en dehors de toi, moi & le Druide qui t' as sauvé. Même Kialon l' ignorera..."
Chawn eut un rire comme en ont seuls les Taurens: sonore & profond au point de faire trembler le mobilier.
Aënendhil leva un sourcil interrogateur vers Chawn.
"Suis-moi... Je vais te monter."
Le Voleur se leva & enfila sa chemise abimée par les combats & le feu. Dehors, sur le seuil, il avait vu sur le bosquet en fin d' après-midi.
"Vois. C' est lui."
Chawn montra du doigt un Tauren. Un Tauren gigantesque, même pour ceux de sa race, gainé de cuir incroyablement épais & battu par les vents, une énorme arme d' hast dans le dos. Des cornes immenses avec un anneau de bronze, des tresses aux cheveux & dans sa barbe, une anneau nasal... Toute une panoplie qui donnait à ce paisible Tauren un aspect féroce. Un Druide de la Griffe, à n' en pas douter.
Ce Druide féroce était néanmoins pataudement assis dans l' herbe, une main en l' air & souriant niaisement vers le ciel, attendant qu' un oisillon vienne se poser sur sa main. Des oiseaux tournaient autours de lui, faisant mine de venir se poser sur sa main, puis filant vers la canopée pour revenir en piqué, recommencer le cycle de jeu. Parfois, le Druide riait lorsqu' un oiseau venait sur lui puis repartait à toute vitesse. Ce jeu avait l' air de profondément l' amuser.
"Ce Druide se moque de savoir s' il a tué un puissant Demoniste. Il se moque des honneurs, ne comprend même pas où est le mérite dans le fait de tuer. Il n' ira jamais raconter qu' il t' a sauvé, qu' il a porté un coup de grâce à ta place. Personne n' ira lui demander d' ailleurs. A part jouer avec des oiseaux ou des écureuils, chasser des prédateurs trop nombreux ou planter des arbres, il n' accorde d' importance à rien..."
Le Voleur observa le Druide. Voilà à quoi ressemble un vrai tueur féroce... Quelqu' un qui s' en moque.
Aënendhil se souvint d' une phrase d' Heimdhal: Plante-leur une dague dans le dos & va t' en faire quelque chose d' important.... C' est exactement ce que ce Druide faisait: quelque chose d' important pour lui.
"Comment s' appelle-t-il?
-Baern. Baern Corne-Noire. Inutile d' aller lui parler. Il perd un peu ses moyens lorsqu' il s' agit de deviser avec des Elfes de la Nuit.
-Comment a-t-il fait avec Kialon?
-Secret de félin!" Chawn fit un clin d' oeil à Aënendhil. " Dis-toi que tout ce dont se souviendra Kialon, c' est d' un horrible mal de tête."

Le Voleur prépara ses affaires pour le lendemain. Il mangea frugalement en relisant la lettre de Bengus. Le Nain lui avait ouvert une porte de sortie avec le Norfendre. C' était décidé: le lendemain, il bouclerait ses affaires avec Lonika, le Consortium, Les Clairvoyants. Il décida en outre de repasser par Ravenholdt pour rappeller à ces imbéciles de ne plus rapporter d' anecdotes à son sujet à la première Elfe venue; au SI:7, pour leur signifier qu' il était de retour aux affaires & que sa tête mise à prix n' y ferait rien.
A la planque de Hurlevent, pour signifier aux Antihéros qu' il allait désormais faire quelque chose d' important: se battre en Norfendre, là ou eux-même employaient leur talents...

Aënendhil examina ses armes, plus particulièrement la hâche de la Légion. Cette hâche, instrument de démon, allait désormais tailler dans la chair putride du Fléau.
"Sargeras lui-même ne manquera pas cette ironie..."[left]